Royaume-Uni, Hongrie, Géorgie... Les droits des personnes LGBT+ reculent dans plusieurs pays européens, selon un classement annuel de l'Ilga-Europe
Des attaques "qui risquent de devenir la norme" en Europe. Les droits des personnes LGBT+ ont reculé dans plusieurs pays européens, s'alarme la branche européenne de l'Association internationale lesbienne, gay, bisexuelle, trans et intersexe (Ilga-Europe), mercredi 14 mai, à l'occasion de la publication du "Rainbow Index 2025". Chaque année, l'organisation classe les 49 pays du continent en fonction de l'état des droits des personnes LGBT+, en prenant en compte l'évolution des textes législatifs ainsi que les pratiques des gouvernements en place.
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Pour la dixième année consécutive, Malte pointe en tête du classement, devant la Belgique et l'Islande. La Turquie, l'Azerbaïdjan et la Russie trustent les dernières places. La France pointe quant à elle en 15e position, en recul de deux places par rapport à 2024.
Attaques ciblées en Hongrie et en Géorgie
Les données collectées par l'Ilga-Europe "montrent comment les reculs en matière de droits humains des personnes LGBT+ s'inscrivent dans une érosion plus large des protections démocratiques à travers l'Europe", souligne l'organisation dans un communiqué. Elle évoque notamment le cas de la Hongrie, passée de la 30e à la 37e place. Le gouvernement hongrois a fait adopter mi-mars une loi interdisant la marche des fiertés, une première pour un Etat membre de l'UE. L'ONG s'intéresse aussi au cas du Royaume-Uni, (passé de la 16e à la 22e place), où un climat transphobe s'est installé après la décision de la Cour suprême, mi-avril, de ne définir les femmes que par leur sexe biologique.
Ces reculs, selon l'Ilga-Europe, s'inscrivent dans une tendance selon laquelle "les droits humains des personnes LGBT+ sont systématiquement bafoués sous couvert de préservation de l'ordre public". "Ces mesures ouvrent la voie à des restrictions drastiques des libertés fondamentales", ajoute l'organisation, qui donne en exemple l'adoption d'une loi contre la "propagande LGBT" par le Parlement géorgien en octobre 2024.
L'ONG s'inquiète également de "l'influence grandissante de l'extrême droite" en Europe. "En Allemagne, en Autriche, en Belgique et aux Pays-Bas, les récentes élections ont vu les groupes d'extrême droite gagner du terrain, menaçant les droits humains et les libertés durement acquis des personnes LGBT+".
Un appel à l'action politique, notamment en France
L'Ilga-Europe regrette que "trop peu de pays" aient adopté des lois en faveur des minorités de genre et sexuelles. Seule l'Allemagne "a réformé la façon dont elle reconnait les changements de genre", tandis que l'Autriche est le seul pays "à avoir étendu les protections contre les discriminations" en 2024, s'émeut l'organisation.
Face aux risques de reculs des droits des personnes LGBT+, la directrice de l'Ilga-Europe, Katrin Hugendubel, invite "les dirigeants politiques à montrer l'exemple et à passer aux actes", avant que "les attaques ciblées que nous observons dans des pays comme la Hongrie, le Royaume-Uni et la Géorgie ne deviennent la norme plutôt que l'exception". L'ONG recommande par ailleurs à la France de mettre en place "un processus d'auto-détermination" pour la reconnaissance légale du genre des personnes trans, "d'interdire les interventions médicales sur les mineurs intersexes" et "d'empêcher les conditions d'accès aux subventions publiques qui obligent la société civile à renoncer à ses revendications ou à s'abstenir de critiquer les actions du gouvernement".