Guerre en Ukraine : le colossal défi du déminage

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Dans un champ près de Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, des démineurs ukrainiens s'activent prudemment. Car la menace est invisible, mais présente à chaque pas. Le sol est truffé d'armes et d'obus qui n'ont pas explosé ou de mines antipersonnel dont les Russes raffolent. "La mine est sournoise, elle est toujours bien enterrée. Son activation nécessite un poids de 2 kg seulement, c'est-à-dire qu'une légère pression suffit pour provoquer une explosion", explique Serguei Slovinski, démineur ukrainien.

"Un travail qui peut faire peur"

Andrei Ilkiv, un autre démineur ukrainien, connaît bien les dangers. Il a perdu sa jambe gauche en marchant sur une mine bien cachée, mais il veut encore rendre service. "Bien sûr, c'est un travail qui peut faire peur, qui peut vous empêcher d'avancer, mais ce n'est pas bénéfique. Moi, j'ai encore beaucoup d'énergie", confie-t-il.

Il y a tellement de mines aujourd'hui en Ukraine que les professionnels ne suffisent pas. Dans cette région de l'Est, proche de la ligne de front, des membres d'une association leur prêtent main-forte. C'est le cas de Viktoria Chynkar, employée de l'ONG Halo Trust, qui a suivi trois semaines de formation pour apprendre à détecter et à désactiver tout ce qu'elle trouvera. Elle travaille huit heures par jour et n'a pas perdu le sens de l'humour. "J'ai appris à bien couper l'herbe au sécateur. Avant, j'étais coiffeuse, je devais être précise au millimètre près et c'est la même chose aujourd'hui avec les mines", raconte-t-elle.

Les fermiers subissent aussi la guerre

Les deux tiers de l'Ukraine sont des surfaces agricoles. Les fermiers sont aussi les victimes de cette guerre qui n'en finit pas. Larissa Syssenko est revenue dans son exploitation il y a quelques semaines. Elle avait été occupée par l'armée russe au début de la guerre, de mars à septembre 2022. Avec ses voisins, la fermière passe son temps à déterrer les mines ou les obus laissés par l'ennemi, faute de mieux. "Les gens du ministère des situations d'urgence travaillent sur des choses plus importantes, sur des zones plus dangereuses qu'ici. On les prévient, mais ils ne viennent jamais. Alors, malgré les dangers, on a déminé nous-mêmes", explique-t-elle.

Les sols ukrainiens sont aujourd'hui parmi les plus contaminés au monde, en armes et en munitions. Un cinquième des terres, soit plus de 123 000 kilomètres carrés, est concerné. Les autorités ukrainiennes ont pour objectif de déminer 80% du territoire d'ici à 2033.