Victoires de la musique classique: les pronostics du Figaro

Moins d’un million de téléspectateurs. C'est l'audience décevante réalisée par les Victoires de la musique classique l'an dernier. Ce, en dépit d'une cérémonie qui ne manquait pas d'attrait. Espérons que cette édition 2024 aura la main plus heureuse. Elle le mérite. Tant pour la liste des talents nommés, qui font la part belle à l'excellence de notre jeunesse musicale française, que pour le programme annoncé.

Avec Rossini en ouverture, toujours chorégraphié par Mehdi Kerkouche (qui nous avait livrés l'an dernier une savoureuse entrée sur la Danse des sauvages des Indes galantes de Rameau), mais dirigé par l'un de ses plus brillants - et jeunes - spécialistes : le chef Michele Spotti. Le nouveau directeur musical de l'Opéra de Marseille, grand habitué du Festival Rossini de Pesaro, sera aux commandes de la soirée, cette fois au pupitre de l'Orchestre national de Montpellier - d'où est diffusée la cérémonie. Il a la charge d'accompagner nommés et invités au long de l'émission.

Parmi ces derniers, la pianiste Anna Fedorova dans un extrait du Second concerto de Rachmaninov. Le violoncelliste star de Grande-Bretagne, Sheku Kanneh-Mason, dans un Chant des oiseaux de Casals, qui, cinquante ans après sa mort, sonne encore comme une ode à la paix. Ermonela Jaho dans l'incontournable Vissi d'arte (année Puccini oblige). Sans oublier nos gloires nationales Karine Deshayes et Florian Sempey, dans le duo de Rosine et Figaro du Barbier de Séville

Artiste lyrique et soliste instrumental, les catégories reines

Côté nominations, on guettera naturellement les heureux élus dans les catégories reines que sont l'artiste lyrique et le soliste instrumental de l'année. L'école française de flûte, représentée par Mathilde Calderini, s'offrira-t-elle une troisième Victoire après Jean-Pierre Rampal en 1992 ou Emmanuel Pahud en 1998 ? La guitare transformera-t-elle l'essai avec Thibault Cauvin après la révélation Garcia d'il y a cinq ans ? Ou bien le piano emportera-t-il une nouvelle fois les suffrages en couronnant l'irrésistible ascension de l'ex-lauréat du Concours Tchaïkovsky, Alexandre Kantorow ? Côté artiste lyrique, le mezzo tout-terrain d'Adèle Charvet lui permettra-t-il de décrocher (enfin !) sa première Victoire, face à un Benjamin Bernheim ou à une Lea Desandre déjà récompensés par le passé ?

Mais c'est bien sûr parmi les révélations que devraient venir les principales surprises. Si l'on devait faire nos propres pronostics, on distinguerait volontiers Lauranne Oliva chez les chanteurs : ses éblouissantes prestations en début de saison au concours Voix nouvelles comme à la Paris Opera Compétition, avait mis tout le monde d'accord. Pour ce qui est des révélations chefs d'orchestre, nous verrions bien la Chartraine - et ex-championne de tennis ! - Marie Jacquot remporter le grand chelem, après ses nominations récentes à l'Opéra de Copenhague et à la radio de Cologne. On ne sait en revanche sur qui miser pour les solistes instrumentaux: si Salomé Gasselin appartient bel et bien à cette fervente génération des enfants de Tous les matins du monde qui remettent la viole de gambe sur le devant de la scène, la violoniste Élise Bertrand incarne avec brio le renouveau des interprètes-compositeurs, et la pianiste Nour Ayadi, une artiste complète doublée d'un sens assez inouï de la narration… Les jeux sont ouverts.