Pourquoi les Paralympiques se tiennent deux semaines après les JO ?
Après deux semaines de ferveur populaire durant les JO, c’est au tour des Paralympiques, qui s’ouvrent ce mercredi 28 août, d’enthousiasmer les Parisiens et les touristes. «La fête n’est pas finie», clame à tous les micros Tony Estanguet, président du Comité d'Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (Cojop), ces derniers jours. Le blues s’était emparé du public à la fin des JO, dont l’organisation avait été largement saluée. Les Parisiens assuraient alors attendre avec impatience les Paralympiques pour prolonger la fête. Mais les 17 jours de pause entre les deux compétitions n’ont-ils pas fait retomber cette fièvre olympique ? D’ailleurs, cette période d’interruption interroge : pourquoi les Paralympiques ne se déroulent pas dans la foulée des JO ?
Depuis les JO d’été de Séoul en 1988, les Paralympiques sont organisés dans la même ville que les Jeux olympiques et «peu de temps après», indique le journal L’Équipe . Une décision rendue officielle par un accord signé le 19 juin 2001 entre le Comité International Olympique (CIO) et le Comité International Paralympique (IPC). Il garantit la tenue des Para dans les mêmes installations et sites sportifs, le logement des athlètes dans le même village olympique et la même prise en charge des frais d'inscription et des frais de déplacement. Depuis les Jeux de Pékin de 2008, les Paralympiques se tiennent toujours près de deux semaines après la cérémonie de clôture des JO.
Raisons logistiques et financières
Cette pause est principalement nécessaire pour des raisons logistiques et financières. «On s'est rendu compte que si on avait voulu [faire les deux compétitions] en même temps, il aurait fallu doubler le nombre d'infrastructures puisqu'il y a deux fois plus d'athlètes avec des compétitions alors que là, on optimise les infrastructures en les utilisant à des moments séparés. Si on voulait les faire en même temps, il faudrait donc doubler les infrastructures. Le budget doublerait», justifiait Tony Estanguet, président du Cojop, sur les ondes de RMC en 2021.
Le Cojop et la mairie de Paris ont eu 17 jours pour préparer l’accueil des 4400 athlètes. Une partie des sites d’épreuves ont ainsi dû être repensés dans leur accessibilité aux athlètes et visiteurs en situation de handicap. L’enceinte de beach-volley aux pieds de la Tour Eiffel sera désormais le stade de cécifoot. «On a pris le parti de ne pas enlever les 400 tonnes de sable», mais plutôt de les «recouvrir avec un plancher qui va venir accueillir un gazon artificiel», a expliqué à Franceinfo Gautier Jourdet, responsable des infrastructures du site. Ce qui explique pourquoi les Para ne se tiennent pas dans la foulée des JO.
Le village olympique a par ailleurs subi des transformations. Les comptoirs du restaurant ont en effet été baissés. Toute la signalétique a aussi été changée : les anneaux olympiques ont été remplacés par les Agitos, ces trois grandes virgules rouge, bleue et verte. La place de la Concorde a également été modifiée. Les installations des épreuves du basket 3x3, du breaking, du BMX freestyle et du skateboard ont laissé leur place à la cérémonie d'ouverture des Paralympiques.
Visibilité
Organiser les deux compétitions olympiques en même temps nuirait par ailleurs à la visibilité des Paralympiques. «Les Jeux Paralympiques sont un moment unique de célébration des athlètes paralympiques. C'est leur moment ! Faire un évènement unique banaliserait ou noierait les performances exceptionnelles de ces athlètes qui méritent toute notre attention», avance par exemple Andrew Parsons, président de l'IPC, sur le site officiel de l'événement.
Tony Estanguet avait également témoigné de sa crainte d’une invisibilisation des para-athlètes, au lendemain des JO de Tokyo sur RMC en 2021 : «Quand vous tombez le même jour que Teddy Riner, on ne parle pas de vous. Si on veut valoriser les athlètes paralympiques, il faut avoir un vrai espace de médiatisation à part. Ce n'est pas le souhait du monde paralympique d'être en même temps.»
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Et pourquoi pas organiser les Paralympiques avant les JO pour leur assurer une belle audience ? «Au regard des calendriers et de l'organisation, positionner les Jeux paralympiques avant les Jeux olympiques donnerait aux Jeux paralympiques l'image d'une répétition ou d'un test», a estimé Andrew Parsons. «Faire les Jeux paralympiques juste après les Jeux olympiques est la situation la plus adéquate pour la CIP», avait-il conclu.