Ski Alpin : comment réduire les risques de blessures graves

Une longue liste qui ne semble pas près de s’achever. Lors du deuxième entraînement de la descente de la Streif de Kitzbühel (Alpes autrichiennes) qui se déroulera ce week-end, l’Autrichien Felix Hacker et l’Allemand Jacob Schramm ont dû être évacués en hélicoptère après de lourdes chutes. Un ouvreur a lui aussi chuté.

À Wengen (Suisse), le 18 janvier, c’est Blaise Giezendanner, le skieur français, qui était évacué par hélicoptère après une chute. À Bormio (Italie), le 27 décembre 2024, Cyprien Sarrazin, lancé à 125 km/h sur une neige dure comme du béton, perdait le contrôle de ses skis à l’approche d’un virage. Après de longues minutes d’inquiétude, le numéro 2 mondial était héliporté vers un hôpital. Diagnostic : hématome intracrânien aigu.

Comment réduire ces accidents

Deux autres compétiteurs s’étaient également gravement blessés lors de cet entraînement. N’en jetez plus, la coupe est pleine et cela pose des questions sur la protection des athlètes. Pour Markus Waldner, directeur de la Coupe du monde masculine, le principal coupable de cette hécatombe serait l’évolution du matériel : « C’est trop agressif, nous avons atteint les limites, il n’y a plus de marge. Il est difficile de trouver les bons skis qui fonctionnent sur les secteurs durs puis sur les secteurs moins durs. C’est ça le problème, si tu vas à la limite, il arrive ce qui se passe. » Sans doute. Mais comme le rappelle David Chastan, directeur du ski alpin à la Fédération française de ski, on applique les consignes de la Fédération internationale et on équipe tous les descendeurs de combinaisons anti-coupures, d’un airbag, etc.

Alors où est le problème ? Comment faire pour réduire ces accidents graves qui gâchent un peu le plaisir de voir ses kamikazes défier les lois de la physique ? Peut-être faudrait-il repenser la topologie des parcours alors que les stations accueillant les coupes du monde de descente rivalisent d’ingéniosité pour faire de leur course la plus difficile. Bormio et Kitzbühel se tirent la bourre pour avoir le privilège d’être auréolé du titre d’épreuve la plus ardue au monde.

« Il y a tout un process à revoir et les fédérations nationales travaillent avec la Fédération internationale, mais aussi les équipementiers, pour trouver le juste milieu entre spectacle et dangerosité », poursuit David Chastan, avant d’ajouter : « Peut-être faudrait-il anticiper un peu plus la préparation des pistes ? Il y a certains sauts qui ne se justifient pas. Le ski est avant tout un sport de chronomètre. La vitesse peut être par exemple contrôlée à travers les tracés. »

Et pourquoi ne pas réfléchir aussi aux horaires de départ en fonction de la luminosité, l’un des grands dangers lors des sauts parfois de plus de 70 mètres de long et sur une hauteur de plusieurs mètres ? Adrien Duvillard, skieur de l’équipe de France dans les années 1990, expliquait que, sur la descente du Kandahar aux Houches, dans la vallée de Chamonix (Haute-Savoie), « après le départ grand soleil. Lors du saut, tu te retrouves à l’ombre et donc le noir total. Ce n’est qu’une fois ton saut terminé, les skis plaqués au sol, que tu sais, sans rien y voir, que tu dois tourner à gauche et retrouver de la luminosité ».

En espérant que le ski mondial retrouve la lumière pour plus de sagesse.

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