REPORTAGE. "C'est toujours ça de pris" : les automobilistes profitent d'une baisse des prix du carburant

Dernier week-end pour profiter du carburant à prix coûtant. Pour la deuxième année consécutive, plusieurs grandes surfaces comme Intermarché, Super U et Leclerc ont vendu le carburant sans faire de marge cet été. Le gazole est à son prix le plus bas depuis un an, à 1,66 euros le litre en moyenne, alors qu'il était presque monté à 2 euros le litre. Mais la France reste dans un contexte d'inflation. Alors pour le long week-end du 15 août, les 725 stations essences Leclerc ont elles aussi baissé leurs prix, comme elles l'avaient déjà fait les week-ends du 19 juillet et du 2 août. Une opération qui attire de nombreux consommateurs mais qui ne plaît pas à tout le secteur.

À la station essence Leclerc de Viry-Chatillon, en Essonne, Françoise insère sa carte pour faire le plein. Elle est venue faire ses courses et profiter des réductions sur le carburant. Avec sa petite retraite de 1 100 euros par mois, elle ne s'en sort plus. "Je suis à la retraite, mais je travaille encore pour pouvoir manger, seulement. Pas beaucoup, mais je travaille encore un peu, explique-t-elle. Donc si je peux prendre 10 centimes par litre, ce sera toujours ça de pris, c'est bien !" Le litre de gazole est vendu 7 ou 8 centimes moins cher que dans les stations alentour. Cela représente 10 centimes d'économie pour le sans-plomb 95.

Jusqu'à 5 euros d'économie par plein

Salah est en camionnette, le gilet de son travail dans le bâtiment sur les épaules, lui aussi attendait ces réductions. "J'utilise beaucoup la voiture, donc je mets de grosses quantités. Les prix, c'est très significatif. Franchement, je n'ai même pas regardé combien ça va me coûter parce que je sais que c'est le moins cher. C'est très très bien", se réjouit-il. Son plein lui coûte 120 euros, cela représente 5 euros d'économies au minimum pour Salah.

Mehdi non plus ne pouvait pas laisser passer ça. Mais il n'en peut plus de toujours devoir se ruer sur les bonnes affaires. "Je pense qu'il y a un juste prix. Il faut qu'ils arrêtent d'abuser, réclame-t-il, qu'on puisse mettre le plein dans notre voiture, rouler et pas penser 'Quel est le prix ? Qu'est-ce qu'on doit faire ? Est-ce qu'on fait des économies ? Pas des économies ?'"

Des pistes pour une baisse de prix durable

Cette opération a été organisée pour "soutenir le pouvoir d'achat des Français" selon Leclerc. Mais c'est aussi très avantageux pour l'image de l'entreprise, estime Francis Pousse, président des distributeurs de carburants, hors grande surface, au sein du syndicat Mobilians. "Le but essentiel de cette démarche, c'est d'abord de faire de la pub, et ça marche, et puis c'est de ramener des clients dans le magasin. En revanche, c'est pénalisant, bien évidemment pour les stations traditionnelles qui sont autour de ces points de vente", décrypte-t-il.

Les stations plus petites, souvent rurales, n'ont pas les moyens de faire des opérations pareilles. Pour faire baisser le prix du carburant, Francis Pousse propose trois solutions : "Que le baril de pétrole, comme beaucoup d'autres matières premières, ait un prix encadré internationalement. Mais ça, c'est un vœu pieux. Baisser les taxes sur le carburant. Mais il faudra bien trouver l'argent ailleurs et ce qui a déjà été expérimenté en 2022, c'est peut-être de remettre en place un chèque carburant pour les gens modestes qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler." Après Leclerc, l'entreprise Intermarché vendra elle aussi ses carburants à prix coûtant à la fin du mois d'août.