«Flottille de la liberté» : ce que l’on sait de l’interpellation des 12 militants, dont Rima Hassan et Greta Thunberg
Douze militants, dont l’eurodéputée LFI franco palestinienne Rima Hassan et l’activiste écologiste Greta Thunberg, rêvaient de «briser le blocus israélien» imposé par Israël à la bande de Gaza depuis plus d’un an. Parti d’Italie il y a près de 10 jours à bord d’un voilier renommé Madleen, le groupe a été intercepté par l’armée israélienne avant d’atteindre leur destination, dans la nuit de dimanche à lundi. Après le contrôle filmé de l’équipage, le navire humanitaire a été dérouté au port d’Ashdod ce lundi soir. Aux côtés de Rima Hassan et Greta Thunberg se trouvaient 10 autres militants français, allemand, brésilien, turc, espagnol et néerlandais. Leur bateau avait été affrété par la Coalition de la flottille pour la liberté, un mouvement international non violent créé en 2010 pour soutenir les Palestiniens à travers une aide humanitaire et une protestation politique.
Le groupe de militants avait décidé de poursuivre sa route malgré les nombreux avertissements de l’armée israélienne. «Nous resterons mobilisés jusqu’à la dernière minute - jusqu’à ce qu’Israël coupe Internet et les réseaux», avait déclaré Rima Hassan quand l’équipage se trouvait encore dans les eaux égyptiennes. Les membres à bord n’ont cessé de documenter leur expérience, en vidéo et en publications sur les réseaux sociaux, depuis le début de l’expédition et jusqu’aux dernières heures précédant l’intervention de l’armée israélienne. «Drone au-dessus de nous ! Rassemblez-vous à république !!!», a écrit Rima Hassan dans son dernier tweet avant que son compte X ne soit repris par son équipe à distance qui, depuis, l’alimente régulièrement. «Si vous voyez cette vidéo, nous avons été interceptés et kidnappés dans les eaux internationales», a déclaré Greta Thunberg dans une vidéo préenregistrée et rapidement partagée par la Coalition de la flottille pour la liberté.
Le navire humanitaire, surnommé «yacht selfie» par Israël, a été arraisonné par le commando Shayetet 13 de la marine et l’unité de sécurité portuaire Snapir, selon la presse israélienne, alors qu’il se trouvait à une centaine de kilomètres de l’enclave, précise le Times of Israel . «La zone maritime de Gaza reste une zone de conflit active, et le Hamas a déjà exploité les routes maritimes pour des attaques terroristes, y compris le massacre du 7 octobre», s’est justifié le ministère des Affaires étrangères israélien. Alors que les militants, leurs soutiens et Amnesty international ont dénoncé une violation du droit international.
Communication réfléchie
Avant l’intervention de l’armée, les militaires ont pris contact avec le Madleen, via la radio du navire, lui ordonnant «de changer de cap en raison de son approche d’une zone réglementée». La Coalition a rapidement réagi en déclarant que le bateau avait été «intercepté de force».
Des images diffusées par la Coalition montrent les militants à bord du bateau portant des gilets de sauvetage orange, les mains en l’air au moment de l’intervention de l’armée israélienne. Certains ont remis leur téléphone portable conformément aux instructions, quand d’autres l’auraient jeté par-dessus bord, indique l’AFP.
Des sandwichs et des bouteilles d’eau ont ensuite été distribués au groupe, illustre une vidéo diffusée par le ministère des Affaires étrangères israélien. Rima Hassan, tout sourire, a refusé les vivres.
À l’issue de leur traversée de la Méditerranée, l’équipage espérait acheminer quelques vivres à la population palestinienne et ainsi «briser le blocus» imposé par Israël à Gaza, où la situation humanitaire empire chaque jour. D’après le Times of Israel, le ministère des Affaires étrangères a déclaré que «la petite quantité d’aide qui se trouvait sur le yacht et qui n’a pas été consommée par les "célébrités" sera acheminée à Gaza par de véritables canaux humanitaires».
La communication de l’armée israélienne autour de la Flottille de la liberté semble avoir été extrêmement réfléchie. Dans une tentative apparente de vouloir apaiser les inquiétudes autour de la santé des militants, l’armée a publié sur X une photo de Greta Thunberg «de bonne humeur» alors qu’un soldat lui tend un sandwich.
Vidéos du 7-Octobre
Le Madleen, avec les 12 militants à son bord, a finalement été dérouté dans le port commercial d’Ashdod, au nord d’Israël, en début de soirée lundi. Le ministère israélien des Affaires étrangères a indiqué qu’une fois le voilier arrivé, les passagers ont été débarqués pour être renvoyés chez eux. Les passagers ont ensuite subi des examens médicaux «pour s’assurer qu’ils sont en bonne santé».
Après de nombreux appels et interpellations sur les réseaux sociaux de Rima Hassan, Emmanuel Macron a «demandé de permettre, dans les plus brefs délais, le retour en France» de ses six ressortissants.
Avant de renvoyer les militants dans leur pays, le ministre de la Défense, Israël Katz, a dit avoir ordonné à l’armée de montrer «les vidéos d’horreur du massacre du 7 octobre 2023 » aux passagers du bateau, pour que «Greta l’antisémite et ses amis, partisans du Hamas, voient exactement quel type d’organisation terroriste est le Hamas». Le gouvernement de Benyamin Netanyahou a accusé lundi «Greta Thunberg et les autres (d’avoir) essayé de mettre en scène une provocation médiatique dans le seul but de se faire de la publicité». «L’État d’Israël ne permettra à personne de briser le blocus de Gaza», avait averti dimanche Israël Katz.
Malgré l’échec du projet de la Coalition de la flottille pour la liberté, la traversée du Madleen a inspiré d’autres militants propalestiniens. En Tunisie, des centaines de personnes, principalement des Tunisiens, ont pris le départ lundi à bord d’autocars à destination de la bande de Gaza avec l’intention déclarée de «briser le blocus israélien», selon les organisateurs.