«Investir dans la santé mentale au travail, c’est investir dans la performance» : pour la première fois, les entreprises s’engagent
Initiée Grande Cause Nationale par Michel Barnier en 2024 dès son arrivée à Matignon, puis reprise par François Bayrou en 2025, le sujet de la santé mentale s’est invité pour la première fois à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), l’université d’été du Mouvement des entreprises de France (Medef). L’ex-premier ministre Michel Barnier a d’ailleurs ouvert en personne la table ronde « Santé mentale : un levier de performance durable », en affirmant que «la santé mentale serait une cause durable car elle mérite autre chose qu’un label pour une année». Ce dernier a souligné combien les entreprises ont un rôle majeur à jouer en la matière.
Celles-ci ont en effet tout intérêt à lutter contre le fléau de la santé mentale dégradée puisque selon le baromètre Qualisocial - IPSOS, un salarié sur quatre (25%) déclare être en mauvaise santé mentale. Un taux qui reste bien supérieur aux chiffres d’avant la pandémie de Covid-19.
Passer la publicitéStratégie gagnante
Pour les y inciter, l’Alliance pour la Santé Mentale, soutenue par le gouvernement dont Astrid Panosyan-Bouvet, la ministre chargée du Travail et de l’Emploi et son homologue de la Santé, Yannick Neuder, a présenté la première « Charte d’engagement pour la santé mentale au travail ». «C’est un sujet qui est devenu sociétal pour les entreprises. On est en train de passer d’un devoir moral et légal à une stratégie gagnante. Nous sommes dans un monde en mutation où tout va très vite et la santé mentale s’impose comme un facteur de résilience et de performance», a souligné Angèle Malâtre-Lansac, la présidente de l’Alliance pour la Santé Mentale.
Cette charte fixe aux entreprises des engagements concrets en matière de prévention et d’accompagnement. En devenant signataires, elles devront s’employer à mettre en œuvre des actions précises dans un délai de trois ans. À commencer par la sensibilisation de leurs collaborateurs, en veillant à ce que la santé mentale ne soit plus stigmatisée comme c’est souvent le cas aujourd’hui. Elles s’appliqueront, de plus, à mettre en place un cadre favorable au développement du dialogue entre salariés, managers et service des ressources humaines sur les questions de prévention, qualité de vie, organisation et conditions de travail. Elles devront aussi favoriser l’amélioration continue de ces conditions de travail, et enfin accompagner les salariés en difficulté.
Implication des directions générales
«Investir dans la santé mentale au travail, c’est investir dans la performance à court terme des entreprises. Les organisations qui s’engagent pleinement enregistrent des résultats concrets : moins de risques psychosociaux, plus d’engagement et un bien-être accru. Pour réussir, l’implication des directions générales est essentielle, car la santé mentale des salariés ne peut plus être reléguée au second plan », assure Camy Puech, le président fondateur de Qualisocial qui a contribué aux travaux de l’Alliance pour la Santé Mentale.
Selon l’enquête Qualisocial - IPSOS, les salariés en très bonne santé mentale ont 2,4 fois plus de capacité de concentration, par rapport à ceux qui sont en mauvaise santé mentale. Leur engagement au travail est également supérieur de 39 % et leur énergie de 55 %. «Si on fait la moyenne des indicateurs de productivité globale de l’entreprise, c’est moins 30% de productivité et de création de valeurs chez un individu qui est en mauvaise santé mentale par rapport à un individu qui est en bonne santé mentale», pointe Camy Puech.
Les secteurs les plus touchés par ce problème, avec plus de 30 % des salariés se déclarant en mauvaise santé mentale, sont ceux impliquant un fort contact humain et ceux en grande difficulté économique, comme notamment le secteur médico-social, l’hébergement et la restauration. Les jeunes femmes, les salariés à temps partiel, ceux à la tête de foyers monoparentaux, et les personnes atteintes de maladies chroniques sont les populations identifiées comme les plus vulnérables. Actuellement seulement 23% des salariés français ont accès à un plan de prévention complet mis en place par leur entreprise et 83% d’entre eux estiment que cela leur a été utile pour leur santé mentale.
Passer la publicitéAlors que l’annonce du premier ministre François Bayrou, ce lundi 25 août, de vouloir se soumettre à un vote de confiance devant les députés a eu l’effet d’une douche froide dans le mode patronal qui ne déteste rien tant que l’instabilité, il est à noter que le manque de confiance dans l’avenir ressort comme le principal facteur aggravant, augmentant par 4,3 le risque d’être en mauvaise santé mentale.