Covid-19 : faut-il s’inquiéter du nouveau variant détecté en France ?

Il est placé sous surveillance, a signalé vendredi l’Organisation mondiale pour la santé. Le variant NB.1.8.1 du Sars-CoV-2, l’un des nombreux descendants du très contagieux Omicron, prend le pas depuis quelques semaines en Asie. À Singapour, Taïwan ou Hongkong, les autorités ont alerté la population sur une recrudescence de l’épidémie de Covid-19, avec une hausse du nombre de cas, des passages aux urgences et des décès. En Europe il a été détecté dans plusieurs pays, dont au moins 4 cas en France. Faut-il s’inquiéter d’une possible résurgence de l’épidémie de Covid ? Le Figaro fait le point.

Que signifie ce placement «sous surveillance» par l’OMS ?

Le Sars-CoV-2, virus responsable du Covid-19, continue à circuler partout dans le monde, et comme de très nombreux autres virus il ne cesse d’évoluer, par des modifications (mutations), des ajouts (insertions) ou des suppressions (délétions) dans son code génétique. L’apparition d’un nouveau variant n’a donc rien d’étonnant. Il est cependant important de continuer à les surveiller, car certaines évolutions génétiques peuvent permettre au virus d’être plus contagieux, de provoquer des maladies plus sévères, ou d’échapper à l’immunité acquise lors d’une précédente infection ou, surtout, grâce aux vaccins.

Le classement «en cours d’investigation» par l’OMS n’est cependant pas lié à des craintes particulières sur sa dangerosité. C’est déjà le cas de cinq autres variants du Sars-CoV-2. Cela signifie simplement que ses modifications génétiques peuvent avoir un effet sur ses caractéristiques et qu’il existe des signaux montrant qu’il pourrait remplacer les autres variants en circulation, mais que son impact clinique est incertain. NB.1.8.1 est donc encore loin d’un classement dans la catégorie des «variants préoccupants», qui concerne ceux ayant montré un véritable risque clinique ou une baisse de l’efficacité des vaccins.

Quelles sont les caractéristiques de NB.1.8.1 ?

Ce variant a été détecté pour la première fois fin janvier 2025, indique l’OMS. Début mai, une équipe de chercheurs chinois a publié une analyse des caractéristiques de plusieurs variants, dont NB.1.8.1. À noter, il s’agit d’une publication en «préprint», c’est-à-dire sans relecture par les pairs. Les informations sont donc à prendre avec précautions, ce type de publication étant plutôt destiné à accélérer l’échange d’informations entre scientifiques.

Selon ces chercheurs, NB.1.8.1 « a conservé une forte affinité pour l’ACE2 (la “porte d’entrée” du Sars-CoV-2 dans les cellules humaines, NDLR) et une capacité d’échappement immunitaire humorale (celle qui repose sur la fabrication d’anticorps par les lymphocytes B, NDLR), ce qui conforte son potentiel de dominance future. » En clair, il semble être, parmi les variants qui circulent actuellement, le plus à même de contourner nos défenses immunitaires pour nous infecter ; mais attention, ces données ont été obtenues in vitro, et on ignore s’il en sera de même en vie réelle. Selon l’OMS, certaines mutations pourraient aussi le rendre plus transmissible. De quoi dominer les autres variants en circulation. Et de fait, l’OMS indique que parmi les séquences analysées rapportées à la coalition internationale GISAID dans la semaine du 21 avril, 518 concernaient NB.1.8.1 ; un chiffre encore modeste mais en hausse : il représentait 10,7% du total, contre seulement 2,5% quatre semaines plus tôt.

Faut-il s’en inquiéter ?

L’OMS est cependant plutôt rassurante : le risque posé pour la santé publique par ce nouveau variant «est jugé faible à l’échelle mondiale». D’une part, parce que «les données actuelles n’indiquent pas que ce variant entraîne une forme plus grave de la maladie», d’autre part parce que «les vaccins contre la Covid-19 actuellement approuvés devraient rester efficaces». On ignore encore si NB.1.8.1 est la cause de la reprise épidémique en Asie, ou s’il l’accompagne simplement. Interrogé sur RFI, le virologue Yves Buisson précise par ailleurs qu’en Chine, la population a été « massivement vaccinée avec des vaccins (...) qui ne sont pas des vaccins à ARN messager [comme en France]. Or, il semble que ces vaccins traditionnels neutralisent beaucoup moins bien le virus. »

Concernant la France, les indicateurs épidémiques restent bas. Le variant n’est pas encore installé : « Il y a un certain nombre de pays qui l’ont rapporté. On en a trouvé un peu en France, pas beaucoup, quatre séquences [soit quatre personnes infectées] qui ont été trouvées, à la fois à l’hôpital et en ville », a expliqué le virologue Bruno Lina sur BFMTV. Mais même s’il se répand et entraîne une reprise épidémique, rien ne dit qu’elle sera plus importante et plus grave que les dernières vagues, qui sont restées limitées. À condition cependant que les personnes à risque soient correctement vaccinées, et que les personnes malades et leurs proches maintiennent les gestes barrières.