Prix Nobel : d’où vient l’argent remis aux lauréats ?
Tous les automnes, depuis plus d’un siècle, sont décernées ces prestigieuses médailles. Derrière, se cache une mécanique financière bien huilée, instaurée par Alfred Nobel lui-même.
Passer la publicité Passer la publicitéEnviron 1 million d’euros. C’est ce que touche le lauréat d’un prix Nobel. Mardi, celui consacré à la physique a été décerné au Britannique John Clarke, au Français Michel Devoret et à l’Américain John Martinis qui se partageront ce joli pactole. Et ce vendredi ce sera au tour du prix Nobel de la paix de recevoir cette dotation. Mais d’où vient ce butin ? La réponse est simple : de l’esprit visionnaire d’Alfred Nobel, qui a donné son nom à cette récompense.
Celui qui a découvert la dynamite était à la tête d’une petite fortune… équivalente à 2,2 milliards de couronnes aujourd’hui (soit environ 295 millions d’euros) selon la Fondation Nobel. La majeure partie provenait de participations dans la société pétrolière russe Baku Petroleum, mais aussi dans une centaine d’usines de munitions et de dynamite dans le monde entier. Il détenait aussi des parts importantes dans des sociétés minières, des mines d’or et des revenus issus de ses 355 brevets internationaux. Sans compter son yacht (le premier au monde doté d’une quille en aluminium précise le site de la Fondation), des chevaux, et des propriétés de valeur à Sanremo (Italie) à Paris et en Suède.
Passer la publicitéSauf qu’à l’aube de ses vieux jours un problème de taille se posait : une grande partie des avoirs déposés dans des banques à Paris tombait sous le coup des droits de succession français à l’heure de sa mort. Le jeune assistant d’Alfred Nobel Ragnar Sohlman réussit alors, seul, et dans le plus grand secret, à faire sortir clandestinement les titres du pays. Titres qui ont ensuite été vendus à Londres et Stockholm, indique le site de la Fondation.
Un rendement minimum annuel de 3%
C’est un an avant son décès, en 1895, qu’Alfred Nobel signe le fameux testament qui va permettre de financer le prix Nobel. Ce document, auquel sa famille s’est d’abord opposée, indique qu’une majeure partie de sa fortune sera versée dans un fonds et investie dans «des valeurs sûres». Les revenus tirés de ces investissements devront être «distribués chaque année sous forme de prix à ceux qui, au cours de l’année écoulée, auront apporté le plus grand bénéfice à l’humanité», stipule l’écrit. Le chimiste suédois meurt le 10 décembre 1896. Et c’est en 1900 que la gestion de ses biens est confiée à la Fondation Nobel, située à Stockholm. Un an plus tard la première récompense est décernée pour un montant équivalent à 9 millions de couronnes SEK de 2016, soit 900 000 dollars détaille le site.
C’est donc cette dernière qui est en charge de gérer les biens et de les faire fructifier afin de permettre la pérennisation de cette distinction . «La Fondation est chargée de veiller à ce que les actifs destinés à l’attribution du prix Nobel soient gérés de manière à préserver la base économique du prix et à garantir l’indépendance des institutions chargées de désigner les lauréats dans leur travail de sélection», indique son rapport annuel. L’objectif est d’obtenir un rendement minimum annuel de 3% au-dessus de l’inflation. Les fonds sont répartis pour 55% en actions, 10% en obligations, 10% en immobilier et 25% en divers fonds spéculatifs.
Les revenus sont donc intrinsèquement liés aux fluctuations économiques. C’est pourquoi le montant varie dans le temps. Ainsi en 2012, crise oblige, la Fondation Nobel a décidé que les lauréats recevraient une dotation inférieure de 20%. «Une mesure nécessaire pour éviter de mettre en péril le capital (de la Fondation) sur le long terme» compte tenu de la crise financière, explique l’institution. Le prix passe ainsi à 8 millions de couronnes (900 000 euros) au lieu de 10 millions. C’est en 2020 qu’il repassera à 10 millions de couronnes, son montant actuel.