"Y.M.C.A.", l'ancien hymne gay de Village People récupéré par Donald Trump
Hymne gay dès sa sortie en 1978, le tube disco YMCA est désormais indissociable de l'élection de Donald Trump, qui l'a récupéré avec l'aval des Village People, reniant sa signification originelle.
Lors de son dernier meeting géant dimanche 19 janvier, puis lors d'un gala lundi en marge de l'investiture du nouveau président des États-Unis, la célèbre chanson disco est associée à la victoire du candidat républicain.
Les images de sa chorégraphie sur cette musique pendant sa campagne sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Dimanche 19 janvier, le futur 47e président des États-Unis a de nouveau esquissé quelques pas de danse sur scène, entouré du groupe de disco américain star des années 1970.
La chanson, composée par le leader Victor Willis ainsi que Jacques Morali et le producteur Henri Belolo, tous deux Français, incarnait pourtant à l'origine un hymne de la communauté homosexuelle masculine, avec des codes gays – jusqu'aux costumes stéréotypés.
"C'est amusant de séjourner au YMCA/Ils ont tout pour que les jeunes hommes s'amusent/Tu peux passer du temps avec tous les garçons" : personne n'a jamais été dupe du refrain évocateur de cette chanson, en contradiction avec les positions conservatrices du futur locataire de la Maison-Blanche, qui inquiète la communauté LGBT+.
YMCA (pour "Young Men's Christian Association", une association de jeunesse chrétienne) n'est pas un hymne gay, assure depuis son parolier Victor Willis : il a annoncé en décembre qu'il comptait poursuivre tous ceux qui prêteraient cette signification à la chanson.
"Laissons une chance au président Trump, indépendamment de ce que vous avez pu penser de lui dans le passé. Voyons ce qu'il va faire à l'avenir et, s'il prend des mesures pour restreindre les droits des LGBTQ, les Village People seront les premiers à s'exprimer", a-t-il écrit vendredi sur Facebook.
Soutien à Kamala Harris en 2024
Le tube avait déjà été utilisé lors des meetings républicains en 2020, ce que son co-auteur – traditionnellement déguisé en policier – n'avait pas apprécié, les ayants droit allant jusqu'à porter plainte. De fait, Victor Willis a apporté son soutien à Kamala Harris en 2024, mais il a commencé à céder lorsque le morceau s'est mis à remonter en tête des ventes et des écoutes, en arguant du fait que Donald Trump avait "l'air d'aimer sincèrement la chanson".
Après son revirement et sa réponse favorable à l'invitation de Donald Trump de participer à son investiture, les critiques ont plu. "Village People se produira aussi bien pour les démocrates que pour les républicains. Nous ne sommes pas un groupe politique. Nous ne l'avons jamais été et nous ne le serons jamais, même si certains d'entre vous essaient de nous faire passer pour tels", a rétorqué Willis dimanche sur Facebook. En attendant, YMCA a bénéficié de ce coup de projecteur : plus de quarante ans après sa sortie, il a atteint le haut des classements, devenant à nouveau un succès commercial.