Dis-moi combien tu gagnes, je te donnerai ton empreinte carbone. La question est frappée au coin du bon sens: les émissions de carbone ne seraient-elles pas strictement corrélées au niveau de richesse de chaque pays et de ses habitants? À Dubaï, où se tient pendant toute la première quinzaine de décembre la COP28, la grand-messe mondiale annuelle du climat, les discussions se résument souvent à un affrontement entre pays riches et pays pauvres. John Kerry, l’envoyé spécial du président américain pour le climat, le reconnaissait l’an dernier à Dakar: «Vingt pays, dont les États-Unis, sont responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Et 48 pays d’Afrique subsaharienne représentent 0,55 % de ces émissions.» Les chiffres émanent de l’OCDE.
En France, plus qu’ailleurs, la question climatique est abordée sous l’angle des inégalités. L’économiste Lucas Chancel, professeur à Sciences Po et coauteur du rapport «Climate Inequality Report 2023» ne raisonne plus en termes de pays…