Roland-Garros 2025 : une file d'attente "jamais vue" pour entrer sur le court... Le phénomène Joao Fonseca accueilli en star pour sa première à Paris

"On prie pour que des gens aient envie d’aller aux toilettes et on ne boit pas pour ne pas devoir y aller", voilà à quoi en étaient rendus Julio et Adriana, supporters brésiliens de Joao Fonseca, pour espérer avoir une place sur le court 7, mardi 27 mai. Pour son entrée en lice dans le tournoi, face à Hubert Hurkacz, tête de série n°30, les organisateurs n’avaient certainement pas prévu assez grand en programmant le match sur un court annexe, plein à craquer, et dont la faible capacité a fait plus de déçus que d’heureux. Devant cette foule, le prometteur Brésilien de 18 ans s’est imposé avec autorité, 6-2, 6-4, 6-2. 

Rencontrés avant la partie, Julio et Adriana avaient déjà fait la queue pendant une heure pour tenter d’entrer sur le court, mais n’avaient avancé que de 20 mètres et comptaient encore une cinquantaine de personnes devant eux. "Ça fait 5 ans que je viens à Roland et je n’ai jamais vu queue si longue sur un court annexe", souffle Rayan, qui essaye de trouver un filon pour entrer. Car si d’habitude le public quitte le court entre les matchs pour aller profiter d’une partie sur un autre court ou se dégourdir les jambes, très peu de spectateurs ont laissé leur place après le match précédent, entre Andrey Rublev et Lloyd Harris.

"Pourquoi ne déplacent-ils pas le match sur un court plus grand vu le nombre de spectateurs qui veulent y assister ?", s’interrogent les supporters brésiliens, qui avaient déjà eu la chance d’encourager leur chouchou à Miami en mars, et où son match avait été déplacé pour ces raisons. Malheureusement pour eux, le dernier match sur le court Suzanne-Lenglen se terminera quatre minutes après le début du match entre Fonseca et Hurkacz, ne laissant pas la possibilité aux organisateurs de s’adapter. 

Adoubé par Carlos Alcaraz et Rafael Nadal

Il faut dire que le Brésilien, qualifié unanimement de pépite dans le milieu, et vainqueur du dernier Masters Next Gen, fait sensation. Encore classé 231e mondial à la même époque il y a un an, il a fait une entrée fracassante dans le top 100 cette saison en remportant notamment le tournoi de Buenos Aires, sur terre battue, et occupe désormais la 65e place mondiale. Il avait aussi éliminé Andrey Rublev, alors neuvième mondial, au premier tour de l’Open d’Australie. "Il a un potentiel immense", disait de lui Carlos Alcaraz à Melbourne, tandis que Rafael Nadal assurait dimanche qu’il avait "un grand avenir devant lui". 

"Il y a deux ans, on avait vu Sinner sur un court annexe, et maintenant il est numéro 1 mondial", compare Vincent, passionné de tennis qui observe attentivement les résultats de Fonseca ces derniers mois. "C’est un joueur qui va être très très bon plus tard, peut-être qu’on ne le reverra plus sur les courts annexes, alors il faut en profiter", souligne Léon. 

Très bon plus tard, ou peut-être même dès aujourd’hui. Face à Hubert Hurkacz, de dix ans son aîné, Joao Fonseca a donné l’impression de jouer comme un joueur expérimenté, excellent dans la construction de ses points. Avec de bonnes premières balles et de bons retours, il a aussi poussé le Polonais à la faute en le faisant courir, alors qu’il portait une genouillère et qu’il sortait trois jours plus tôt d’une finale perdue à Genève face à Novak Djokovic.

Il serait exagéré de comparer le court 7 au Maracana de Rio, mais le public était majoritairement acquis à la cause du Brésilien et a eu l’occasion à plusieurs reprises de s’enflammer sur des points héroïques. Comme lorsque Fonseca, mal embarqué dans un échange, l’a fini sur un coup droit gagnant, en bout de course et presque en position de grand écart, pour s’offrir une balle de break d’entrée dans la troisième manche, convertie ensuite. Le tout sous les yeux de spectateurs possédant un billet pour le match en cours de Gael Monfils, mais massés sur les balcons du court Philippe-Chatrier voisin.

"Je savais que beaucoup de Brésiliens allaient venir, il y en a toujours beaucoup ici grâce à ce qu'a réalisé Guga [Gustavo Kuerten]. J'ai vu la queue en arrivant qui était énorme et j'ai vu le monde qui regardait le match depuis le Chatrier. Il y avait comme un air de déjà-vu parce que j’avais joué contre Gabriel Debru en juniors sur ce court en 2022, et il y avait une très belle ambiance. Il y a beaucoup d'attentes autour de moi, mais pour l'instant j'arrive à plutôt bien la gérer", a commenté Joao Fonseca après son match.

Pour les plus malheureux qui n'ont pas pu voir un échange du match, la seule chose à applaudir était finalement la sortie de rares spectateurs du court 7. Certains espéraient se consoler en apercevant le Brésilien à sa sortie du terrain. Mais c’était sans compter la malice de la sécurité, qui après avoir organisé un passage pour le joueur au milieu d’une foule extrêmement dense, l’a fait sortir par une autre porte annexe. Nul doute que pour son prochain match, contre le Français Pierre-Hugues Herbert, l’organisation de Roland-Garros prévoira plus grand.