Premier test pour le gouvernement Bayrou face à une motion de censure à l'Assemblée
Le gouvernement de François Bayrou fait face, jeudi 16 janvier, à une première épreuve avec l'examen à l'Assemblée nationale d'une motion de censure qui, même si elle ne devrait in fine pas être adoptée, permettra de clarifier la position des socialistes.
À peine nommé il y a trois semaines, le Premier ministre n'a pas demandé la confiance des députés mardi après sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale. Comme son prédécesseur, il y est privé de majorité.
En retour, les élus de La France insoumise, qui ne cessent de réclamer la démission d'Emmanuel Macron, ont déposé une motion de censure, la 150e de la Ve République. Le texte est également signé par des députés communistes et écologistes, mais par aucun socialiste.
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Au PS, malgré de longues discussions, la décision de voter ou non la motion de censure a finalement été repoussée... à jeudi.
Après moult tergiversations, les 66 élus socialistes devront déterminer si les concessions du gouvernement, notamment l'annonce d'un "conclave" de trois mois entre partenaires sociaux pour réviser la réforme des retraites, seront suffisantes pour arracher leur non-censure.
"Les instances du Parti socialiste et du groupe à l'Assemblée se réuniront d'ici le débat de censure", prévu à partir de 15 h, a indiqué à l'AFP la direction du parti.
Le vote de cette motion de censure spontanée est prévu vers 17 h 30 et le résultat devrait être connu vers 18 h.
"Il faut absolument que les socialistes n'aient qu'une seule position. Sinon on envoie au gouvernement le signal qu'il peut faire du shopping chez nous et on envoie à Jean-Luc Mélenchon le signal qu'il peut faire du shopping chez nous. Il faut que le groupe vote comme un seul homme", plaide un député PS.
"Le compte n'y est pas"
"Le compte n'y était pas à l'Assemblée nationale, ni hier, ni encore aujourd'hui", a mis en garde mercredi le chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner.
François Bayrou venait d'annoncer qu'il soumettrait un nouveau projet de loi sur les retraites au Parlement en cas de "progrès" entre les partenaires sociaux, et même "sans accord général".
Mais pour la cheffe des écologistes, Marine Tondelier, "les règles du jeu sont pipées" car "l'Assemblée nationale ne pourra se prononcer que ce sur quoi le Medef est d'accord".
La numéro un de la CFDT Marylise Léon estime cependant dans Libération qu'une "opportunité inédite s'ouvre" sur les retraites. Une intersyndicale se tiendra jeudi pour préparer la première réunion vendredi à Matignon.
Une réunion, dont le mode opératoire "évolue d'heure en heure", a déploré sur France Inter le patron du Medef Patrick Martin. Sur le fond, Michel Picon, président de l’U2P (artisans, commerçants), s'est dit "ouvert", y compris sur les 64 ans, sur RTL.
Autre geste de François Bayrou : l'abandon des 4 000 suppressions de postes dans l'Éducation nationale prévues par son prédécesseur, Michel Barnier.
Aux socialistes, "je leur dis agissez en responsabilité (...) Si le gouvernement est renversé, pas de loi d’urgence Mayotte, pas de loi pour nos agriculteurs", a lancé la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, sur TF1.
Mais le vote de jeudi ne devrait pas faire chuter le gouvernement car les députés RN n'entendent pas voter la motion de censure déposée par LFI. Impossible alors pour cette dernière d'atteindre les 288 voix nécessaires à son adoption.
Les esprits sont déjà tournés vers les échéances décisives des budgets de l'État et de la sécurité sociale. Le gouvernement espère achever la procédure budgétaire d'ici fin février pour que le pays puisse retrouver son cours normal de fonctionnement au 1er mars.
Il vise un effort de 32 milliards d'économies et 21 milliards de recettes pour ramener le déficit public à 5,4 % du PIB en 2025, contre un niveau de 6,1 % attendu pour 2024.
Avec AFP