Jeux paralympiques : «Content d'apporter la première médaille d'or à la France», savoure Ugo Didier

Il s'entraîne aux Dauphins du TOEC, à Toulouse. Il a magistralement remporté sa première médaille d'or aux Jeux paralympiques. Il pourrait de nouveau monter sur le podium… À 22 ans, Ugo Didier n'est pas sans rappeler le phénomène Léon Marchand (avec qui il a partagé des séances d'entraînement). Par son sang-froid, sa maîtrise, son envie. Et déjà sa collection de médailles (2 à Tokyo aux Jeux paralympiques, une en argent et une en bronze en 2021 ; 12 aux championnats du monde, dont 1 d'or ; 11 aux championnats d'Europe, dont 6 titres). Arrivé en zone mixte, encore ému de la Marseillaise et de la communion avec le public, il a partagé son plaisir. Avec générosité. Extraits.

Le podium : « La Marseillaise était incroyable. Trois ans auparavant, deux ans auparavant et l'année dernière, j'ai eu la chance ou la malchance de finir second. Je pense que j'en avais un peu marre. Je suis content que la roue ait tourné. Et pouvoir ramener cette belle médaille devant le public, c'est ce qui me motive. Au-delà de l'aspect sportif, l'aspect médaille, ce que j'aime dans le sport et c'est ce pour quoi je m'entraîne au quotidien, c'est pour les émotions, le partage, pour vivre de tels moments avec les copains, ma famille, ce qui m'a fait le plus vibrer, c'est ça. Et je suis content d'apporter la première médaille d'or à la France. »

Immense sérénité : « Je n'ai pas l'habitude d'être ému pour la natation, je suis plus ému par les moments vécus mais aujourd'hui (jeudi), ça me prouve le contraire. Et c'est vraiment le contraire avec Tokyo (Jeux paralympiques 2021) parce que j'étais très stressé, là toute ma journée, mon aventure paralympique a commencé avec beaucoup de sérénité, du début à la fin. Dès le réveil. La veille… J'ai refait mon plan de course une fois pendant la sieste et ce n'était que du kif, que du plaisir. »

Le maître du suspense : « L'Italien (Simone Barlaam) n'a pas l'habitude de partir comme ça. Il a plutôt tendance à se cacher. Il a fait le choix de partir, je savais que je pouvais le remonter. À l'entraînement j'ai énormément travaillé. J'ai suivi le plan de course, je ne me suis pas affolé et ça a marché. C'est le plan de course qu'on avait planifié. J'ai extrêmement changé ma nage, j'ai cherché à allonger, à aller chercher plus d'eau. Certes j'arrive à mettre beaucoup de fréquence, ce qui est un de mes points forts mais je manquais de puissance dans l'eau et aujourd'hui, j'ai réussi à mettre ça en place. Ça a été très dur, j'ai connu une année extrêmement compliquée, un hiver catastrophique sur le plan sportif et je suis content que le travail paie. C'est un beau clin d'oeil à cette période difficile. »

Le public : « Au début, quand on entend les encouragements, ça nous motive énormément. C'est quelque chose d'inoubliable. Et dans les derniers mètres, quand je sentais que je remontais sur l'Italien, je savais que j'allais le faire et j'entendais le public, c'est ce qui m'a poussé à aller chercher plus, encore plus. En handisport on n'a pas la chance d'avoir des publics comme ça. Dans les championnats d'Europe et les championnats du monde on est dans des piscines avec 100, 200, peut-être 300 personnes au maximum. Là, on est sur une Arena à 150.000 personnes, c'est incroyable. Je n'ai jamais vécu ça. Et je ne revivrai plus jamais ça. Il faut en profiter. »

L'entraînement et les changements : « On a beaucoup remis en question ma nage. Ça a pris beaucoup de temps. Je suis quelqu'un de très impatient. Ça me frustre. Et ça m'a beaucoup frustré. On a eu des problèmes de piscine, je me suis fait mal, j'ai une petite tendinite qui est revenue à l'épaule, mentalement ça a été extrêmement dur, je me souviens d'entraînement où je ne voulais pas y aller tant c'était difficile, j'étais en larmes et aujourd'hui, avec mon entraîneur, on a su trouver les solutions. On s'est remis en question, vous n'imaginez même pas à quel point. On a beaucoup douté cet hiver, on n'imaginait jamais que ça puisse le faire. Aux championnats d'Europe, en avril, ça a commencé à mettre certaines pièces. Mais pour être honnête, il y a deux jours, je me sentais très fatigué mais ça va me permettre d'aborder les Jeux avec plus de relâchement. La médaille d'or, c'était l'objectif maintenant, il y aura plus de relâchement… »