Il n’avait ni les mains tachées d’encre, ni cet air racorni que peuvent, parfois, avoir les rats de bibliothèque. C’était un passe-muraille : rien ne le distinguait des autres chercheurs en littérature. Et surtout, rien ne laissait présager qu’il s’agissait d’un voleur professionnel. Peut-être le bibliothécaire aurait dû être davantage attentif à ce bras en écharpe que cet homme portait, parfois, lorsqu’il pénétrait dans la salle réservée aux œuvres rares et précieuses de la Bibliothèque nationale de France François-Mitterand située rive gauche, dans le 13e arrondissement de Paris.
L’homme s’était présenté un matin du mois de mars 2023. Foulant l’épaisse moquette ocre rouge et déambulant parmi les près d’un million de documents et 15.000 manuscrits détenus par l’institution, il avait demandé, avec un fort accent géorgien, à consulter les éditions originales des œuvres d’Alexandre Pouchkine, de Nikolaï Gogol, Fiodor Dostoïevski et Mikhaïl Lermontov, expliquant rédiger une thèse sur la…