Algérie : l'écrivain Boualem Sansal condamné à cinq ans de prison en appel

Boualem Sansal fixé sur son sort en appel. L'écrivain franco-algérien, emprisonné depuis sept mois, a été – comme en première instance – condamné mardi 1er juillet à cinq ans de prison par la cour d'appel d'Alger, notamment pour "atteinte à l'unité nationale".

"Le verdict du tribunal de première instance a été confirmé. Vous avez huit jours pour introduire un pourvoi en cassation", a déclaré en français la présidente à l'attention de Boualem Sansal, après avoir lu l'énoncé du verdict en arabe.

Interrogé par l'AFP, le nouvel avocat français de l'écrivain, Me Pierre Cornut-Gentille, arrivé ces derniers jours à Alger, n'a pas voulu se prononcer sur cette éventualité. "Je n'ai pas de déclaration à faire, je dois rendre visite à mon client pour discuter avec lui d'un éventuel pourvoi", a-t-il dit.

Le défenseur de Boualem Sansal, âgé de 80 ans et atteint d'un cancer, a expliqué l'avoir "rencontré hier (lundi), il va bien".

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Peu après l'annonce du verdict, le Premier ministre français François Bayrou a dit espérer "des mesures de grâce" du président algérien Abdelmadjid Tebboune.

"La situation que Boualem Sansal subit est une situation que tous les Français et le gouvernement français trouvent insupportable, à juste titre. Maintenant qu'il y a eu condamnation, on peut imaginer que des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé de notre compatriote, soient prises", a déclaré le chef du gouvernement français en marge d'un déplacement au ministère de l'Intérieur sur la canicule.

Âpre lutte diplomatique entre Alger et Paris

Le procès en appel a eu lieu aussi bien à la demande de l'écrivain que du parquet, qui avait déjà requis dix ans en première instance.

Boualem Sansal avait été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion par le tribunal de Dar El Beida, près d'Alger, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d'extrême droite Frontières, où il estimait que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

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Son arrestation le 16 novembre dernier à Alger avait aggravé une crise diplomatique déjà aiguë entre Paris et Alger, qui avait éclaté après la reconnaissance fin juillet par le président Emmanuel Macron d'un plan d'autonomie sous "souveraineté marocaine" pour le territoire disputé du Sahara occidental, où l'Algérie soutient depuis 50 ans les indépendantistes du Front Polisario contre le Maroc.

La brouille sans précédent entre l'Algérie et la France a été marquée ces derniers mois par des expulsions de diplomates de part et d'autre, des restrictions pour les titulaires de visas diplomatiques et un gel de toutes les coopérations.

Avec AFP