"Voilà ces chiens d'Alaouites" : en Syrie, les vidéos d'exactions contre des civils alaouites se multiplient sur les réseaux sociaux

En Syrie, les affrontements se poursuivent dans les bastions du régime al-Assad entre les rebelles au pouvoir et les milices alaouites qui n'ont pas voulu déposer leurs armes. Dans le même temps, les témoignages d'exactions contre les civils alaouites se multiplient.

Jusqu'ici, les violences des représailles étaient très peu documentées, les nouvelles autorités syriennes expliquant qu'il ne s'agissait que de "cas isolés". Mais sur les réseaux sociaux, les vidéos de passages à tabac et d'agressions sont de plus en plus nombreuses.

"C'est vous les porcs qui avez tué nos frères ?"

Dans l'une d'elles, on voit plusieurs hommes brutalisés par des rebelles en armes, arrêtés alors qu'ils rentraient chez eux, de grandes galettes de pain entre les mains. "Voilà ces chiens d'Alaouites !", dit la voix derrière la caméra. Un blessé à terre l'implore, explique qu'il n'est qu'un civil. On lui hurle de se taire.

"C'est vous les porcs qui avez tué nos frères ?", interroge encore la voix. Les hommes sont sommés de montrer leurs papiers. L'un d'entre eux est originaire de Salquin, une ville du gouvernorat d'Iblid, peuplée d'Arabes sunnites. Il est autorisé à monter dans sa voiture et à repartir. La vidéo s'arrête là.

Des vengeances sans distinction

Depuis la chute du régime, le 8 décembre, les civils alaouites disaient craindre la vengeance sans distinction des rebelles, dont certains, issus du front al-Nosra, s'étaient déjà attaqués à leur communauté au début de la guerre civile.

S'il est vrai que l'élite alaouite a largement bénéficié du règne des Assad – elle était notamment surreprésentée dans l'armée –  la plupart des civils, eux, restaient terrorisés face à un régime qui les maintenait volontairement dans une grande pauvreté. "Si tu veux que ton chien garde ton troupeau, ne lui donne pas trop à manger", disait Hafez al-Assad.

Les nouvelles autorités disent, aujourd'hui, vouloir protéger les différentes minorités ethniques et religieuses du pays. Elles vont très vite devoir montrer qu'elles ne se laissent pas déborder.