«Je ne suis pas indispensable à ce débat» : qui est Éléonore Pattery, l’étudiante à l’origine de la pétition contre la loi Duplomb ?

«Je ne suis pas indispensable à ce débat» : qui est Éléonore Pattery, l’étudiante à l’origine de la pétition contre la loi Duplomb ?

La pétition contre la loi Duplomb a dépassé le million de signatures dimanche. Bertrand GUAY / AFP

La jeune Française de 23 ans ne souhaite pas répondre aux sollicitations médiatiques, estimant que «les voix qui s’élèvent partout dans le pays» contre la réintroduction sous condition d’un pesticide la représentent «déjà très bien».

Passer la publicité Passer la publicité

La jeune plume à l’origine de la pétition contre la loi Duplomb, qui a franchi dimanche la barre du million de signatures sur le site de l’Assemblée nationale, préfère rester discrète. Du moins, pour le moment. Éléonore Pattery, 23 ans, a fait savoir dans un post épinglé sur son profil LinkedIn qu’elle ne souhaitait pas «communiquer publiquement pour l’instant», estimant sur le réseau social que «les voix qui s’élèvent partout dans le pays (la) représentent déjà très bien».

Se doutait-elle que son initiative prendrait une telle ampleur ? Depuis qu’elle a déposé sur le site parlementaire cet appel à signatures le 10 juillet, deux jours après l’adoption du texte du sénateur Les Républicains (LR) Laurent Duplomb qui autorise la réintroduction sous condition d’un pesticide interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe, celui-ci a été abondamment relayé sur les réseaux sociaux.

Passer la publicité

Il a aussi été partagé par des personnalités politiques telles que l’eurodéputée LFI Manon Aubry et l’ancien premier ministre Dominique de Villepin. Résultat, ses signataires ont bondi de manière exponentielle. Quelque 500.000 personnes supplémentaires l’ont signé en 24 heures entre samedi et dimanche.

Un nouveau Master dans l’environnement

Sous une photo d’elle les bras croisés et le sourire timide, la jeune femme affiche sur son profil LinkedIn un parcours universitaire encore en cours. Après avoir achevé une alternance comme apprenti manageur à la SNCF en août 2024 - effectuée dans le cadre d’un Master en management des risques au Conservatoire national des arts et métiers à Bordeaux - elle dit avoir rejoint aujourd’hui un Master Qualité, Sécurité, Environnement et Responsabilité Sociétale des Entreprises. Un troisième diplôme donc, en plus d’une licence à l’IUT de Bordeaux, qui témoigne d’un engagement particulier pour les questions environnementales.

La légende sous sa photo de profil LinkedIn en témoigne également : «Concilions ensemble, préservation de la nature et industrialisation pour un développement humain durable, a-t-elle écrit. Son initiative citoyenne connaît un succès encore jamais vu. Il est possible de déposer des pétitions sur le site du Palais Bourbon depuis 2019 mais une seule, contre la Brav-M, brigade de policiers motorisés de répression de l’action violente, avait jusqu’ici recueilli 260.000 signatures, très loin de celle-ci.

La loi ne sera pas réexaminée sur le fond

Malgré ce succès inédit, Éléonore Pattery insiste pour rester discrète. Elle demande ainsi aux médias, «quel que soit leur format», de ne pas contacter sa famille, ses «ami·es», proches et collègues, mais les invite plutôt à recueillir la parole des scientifiques, ONG, juristes ou encore de simples signataires. «Je ne suis pas indispensable à ce débat : l’opinion publique, les voix qui s’élèvent partout dans le pays, et par-delà, me représentent déjà très bien», écrit-elle.

À partir du seuil des 500.000 signatures, et à condition qu’elles soient issues d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer, la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale peut décider d’organiser un débat en séance publique. Mais la loi ne sera pas réexaminée sur le fond et encore moins abrogée. La présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet s’est dite dimanche sur franceinfo «favorable» à cette hypothèse. Mais, ce débat «ne pourra en aucun cas revenir sur la loi votée» qui va, selon elle, «sauver un certain nombre de nos agriculteurs».