Après la démission de Sébastien Lecornu après moins d’un mois à Matignon, l’hypothèse d’une nouvelle dissolution revient en force. Plus improbable, l’idée d’une démission d’Emmanuel Macron gagne toutefois du terrain dans le personnel politique.
L’un des premiers à avoir dégainé est le président de la région Normandie Hervé Morin. L’ancien de l’UDI n’a même pas attendu la démission de Sébastien Lecornu pour sortir du bois. «La composition de ce gouvernement est insultante», s’étranglait-il dimanche soir sur X après l’annonce de la reconduction de 12 ministres sur les 18 annoncés dans la nouvelle équipe exécutive. «Plutôt que faire revenir du passé ceux qui nous ont amenés dans l’impasse, la seule issue est la démission du PR suivie d’une élection présidentielle.»
Le lendemain matin, c’était au tour du vice-président de LR David Lisnard à appeler de ses vœux «qu’Emmanuel Macron programme sa démission» pour «l’intérêt de la France» et «débloquer une situation qui était incontournable depuis la dissolution absurde». Le maire de Cannes est allé jusqu’à s’opposer à une nouvelle dissolution, qui «n’est pas la solution», dans un communiqué publié par son parti Nouvelle Énergie. Le chef de l’État est «le premier responsable de cette situation», a-t-il ajouté. «La Ve République et l’avenir de notre pays sont en jeu.»
David Lisnard n’est pas le premier ténor de LR à appeler à la démission d’Emmanuel Macron. L’ancien patron de l’UMP et maire de Meaux Jean-François Copé s’était déjà prononcé pour cette hypothèse dans les colonnes du Figaro . Une position qui n’a pas été reprise, pour l’heure, par les autres voix fortes du parti. «Il y a d’autres moyens» avant «de retourner aux urnes», a lancé Bruno Retailleau au JT de 13 heures en évoquant seulement la possibilité de législatives anticipées. De son côté, le vice-président du parti François-Xavier Bellamy affirmait que LR n’avait rien «à redouter (..) d’une dissolution».
Dissolution ou démission
De son côté, le Rassemblement national (RN) espère depuis plus d’un an une prochaine dissolution de l’Assemblée nationale, persuadé que les urnes lui seraient favorables. Mais il a fallu attendre août 2025 pour que le parti à la flamme évoque une première fois, par la voix de son président Jordan Bardella, l’hypothèse d’une «démission» d’Emmanuel Macron. Depuis, le RN ressort à chaque soubresaut de la crise politique actuelle le même élément de langage : dissolution ou démission. Dissoudre l’Assemblée est «absolument incontournable» et la démission d’Emmanuel Macron serait une décision «sage», a encore affirmé Marine Le Pen ce lundi.
Dès juillet 2024, dans la foulée des législatives anticipées, son allié Éric Ciotti affirmait que la «seule solution» était «qu’Emmanuel Macron remette sa démission». Un appel au dégagisme qu’il a repris ce lundi en marge de la présentation de son équipe de campagne municipale à Nice. «Quand il y a crise, la seule solution, c’est l’élection (...), le retour aux urnes», a déclaré l’ex-patron de LR. À droite de l’échiquier politique, le président de Reconquête! Éric Zemmour s’était lui aussi prononcé pour la dissolution fin août 2025, à l’occasion de l’université d’été de son parti à Orange. À l’instar d’Hervé Morin, il a appelé de nouveau le chef de l’État à partir dès dimanche soir, avant même la démission de Sébastien Lecornu. «Seule une nouvelle Présidentielle débloquera le pays», a-t-il écrit sur X.
Rien de nouveau sous le soleil, les appels les plus insistants au départ du chef de l’État sont venus de la France insoumise (LFI). Son fondateur, Jean-Luc Mélenchon, a très vite appelé sur X à l’examen «immédiat» de la motion déposée par 104 députés pour la destitution d’Emmanuel Macron. «Après la démission de Sébastien Lecornu, nous demandons l’examen immédiat de la motion déposée par 104 députés pour la destitution d’Emmanuel Macron», écrit-il. Comme souvent dans le parti, l’appel du leader a été repris en chœur par ses généraux, Mathilde Panot et Manuel Bompard et un grand nombre de députés, comme Aly Diouara, Raphaël Arnault ou Sophia Chikirou.
Dès août 2024, LFI avait annoncé présenter une motion de destitution contre Emmanuel Macron qui venait d’écarter l’option d’un premier ministre issu du Nouveau Front Populaire. Appel renouvelé en décembre 2024, à la suite de l’utilisation de l’article 49.3 par le premier ministre de l’époque Barnier et repris à de nombreuses reprises depuis.