Guerre en Ukraine : Kiev revendique la destruction d’une petite corvette russe en mer Noire

La flotte russe de la mer Noire est toujours soumise à une forte pression de l’armée ukrainienne, qui, faute de navires, utilise ses drones navals, drones aériens et missiles pour harceler les forces navales adverses. Dernier exemple en date avec la destruction revendiquée par Kiev de la petite corvette russe Ivanovets, un petit navire lance-missile de classe Tarantul à la fois modeste et ancien qui aurait été coulé le 31 janvier par un drone naval.

Le «13e groupe» de la direction générale du renseignement militaire ukrainien - le GUR, sous la houlette du général Kyrylo Boudanov - a publié une vidéo de l’attaque qui se serait déroulée alors que la corvette faisait route vers lac Donuzlav dans le nord de la péninsule criméenne. On y voit le drone naval s’approcher du petit navire - dont on reconnaît la superstructure caractéristique avec les lanceurs de missiles sur les flancs - par tribord. S’ensuit une forte explosion, l’apparition d’un large trou dans la coque puis, enfin l’aperçu de la proue du bateau qui s’enfonce définitivement sous l’eau. La vidéo n’est pas continue et présente plusieurs coupures. À ce stade, la destruction de l’Ivanovets ne peut donc être confirmée avec certitude.

Si elle se confirmait, et quoique la vidéo soit particulièrement impressionnante, cette attaque ne constituerait pas une perte décisive pour la flotte russe de la mer Noire. Ce «petit navire lance-missiles», selon la vieille classification soviétique, a été mis en service en 1988 et demeure un bateau de très faible tonnage (de 400 à 500 tonnes, à comparer avec les quelque 12.000 tonnes du croiseur Moskva coulé en avril 2022) équipé d’armes et de capteurs largement désuets, en tout cas incomparablement moins modernes que ceux qui équipent les corvettes et frégates russes modernes. En particulier, l’Ivanovets est équipé de vieux missiles anti-navires Moskit et non du système universel de missiles de la famille Kalibr, dont la version de frappe au sol permet à la marine russe de frapper tout le territoire ukrainien grâce à sa portée de plus de 2000 kilomètres.

La flotte russe de la mer Noire possède huit navires et sept sous-marins équipés de ces missiles Kalibr. À ce jour, l’un de ces sous-marins a été sérieusement endommagé - le Rostov-sur-le-Don en juin 2024, mais les Russes ont annoncé son retour en service cette année - et les Ukrainiens ont réussi par ailleurs à neutraliser la corvette Askold de classe Karakurt, qui terminait ses essais avant son admission au service actif. L’attrition de ces porteurs de «Kalibr», ainsi que celle de la flotte logistique, reste le principal défi pour la marine russe en mer Noire. La destruction possible de l’Ivanovets n’y participe pas directement, mais rappelle néanmoins que la stratégie navale ukrainienne de harcèlement de la flotte russe demeure pour l’instant une vraie réussite militaire pour Kiev, d’autant plus quand on se rappelle que l’Ukraine ne dispose plus réellement d’une vraie marine.