Mort du pape François : qu’est-ce que la thanatopraxie, utilisée pour embaumer et maquiller le corps du pape ?

Après son exposition mercredi à la basilique Saint-Pierre, le pape François, qui a succombé lundi à 88 ans à une attaque cérébrale, doit être enterré samedi après des funérailles au Vatican auxquelles assisteront des dirigeants du monde entier et des dizaines de milliers de fidèles. Avant cela, le corps du souverain pontife argentin a été préparé pour résister à la chaleur printanière de Rome, avec une procédure d’embaumement, une manucure et une touche de maquillage pour être exposé dès mercredi dans la basilique Saint-Pierre.

Afin de permettre aux fidèles de s’approcher de la dépouille de François, le corps du pape a subi un processus connu sous le nom de thanatopraxie, consistant en «l’injection de liquides conservateurs dans le système circulatoire, suivie de soins esthétiques du visage et des mains», selon le fondateur de l’Institut national italien de thanatopraxie (INIT) Andrea Fantozzi.

Coiffure et maquillage

Concrètement, la thanatopraxie désigne la réalisation d’actes post-mortem invasifs (nécessitant une lésion) visant à retarder le processus de dégradation du corps afin d’assurer sa conservation de manière temporaire. Il est nécessaire de distinguer la toilette mortuaire ou funéraire des soins de présentation de la thanatopraxie, dont le prix varie de 300 à 500 euros. La première rassemble les gestes les plus simples de désinfection, de lavage et d’habillage du défunt, le deuxième concerne le maquillage et la coiffure.

«L’objectif est de ralentir les processus naturels de décomposition», précise Andrea Fantozzi à l’AFP. Le liquide chimique utilisé a les mêmes propriétés que le formaldéhyde. La procédure, qui doit être effectuée dans les 36 heures suivant le décès, dure plusieurs heures, et son effet - une apparence plus sereine et naturelle du défunt - perdure jusqu’à 10 jours, souligne le thanatopracteur italien. L’embaumement temporaire est en général utilisé pour les veillées funèbres ou les rapatriements de corps, afin d’éviter par exemple d’éventuelles émanations de gaz dues au processus de décomposition.

Une prestation facultative

En France, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) réalisé en 2013 indique que ces soins représenteraient «10% des frais d’obsèques» et 6% du chiffre d’affaires des pompes funèbres. Cela pourrait expliquer pourquoi de nombreuses familles refusent le soin avant même d’en connaître le prix. Selon un rapport du Défenseur des droits de 2018, «plus de 45% des défunts ont fait l’objet de soins de thanatopraxie» en France en 2016. Ces actes ont concerné 240.000 corps en 2018, soit 39% des décès. Non obligatoire, le recours à cette prestation relève de la volonté des proches qui souhaitent amortir le choc de la présentation du corps, mais peu font la différence entre les types de soins post-mortem.

Le Vatican a publié mardi les premières images du souverain pontife dans son cercueil ouvert, vêtu d’une chasuble rouge, coiffé d’une mitre et un chapelet enserré dans ses mains. Ces images proviennent d’un service célébré lundi soir dans la chapelle de la résidence Sainte-Marthe au Vatican, où François a vécu pendant ses 12 années de pontificat et où il est décédé.