Réforme des retraites : le «conclave» se penche sur l’âge de départ ce jeudi lors d’une session à haut risque

Ne pas mettre la poussière sous le tapis. Pour la deuxième réunion du «conclave» sur les retraites, qui se tient ce jeudi 6 mars, les partenaires sociaux ont décidé d’aborder le sujet qui fâche : la question de l’âge. Ou plutôt la question «des âges», a clarifié devant le Sénat Jean-Jacques Marette, chargé d’animer les discussions. Il y a «tout un panorama» de notions qui doivent être examinées, comme «les dérogations», «l’âge d’annulation de la décote», «les carrières longues», a ajouté l’ancien directeur général de l’Agirc-Arrco.

Qu’il soit au singulier ou au pluriel, ce sujet demeure le point clivant entre syndicats et patronat. Pour les premiers, l’intérêt de la réouverture du dossier retraite, concédée par le premier ministre face aux menaces de censure du PS, est d’abroger le recul de l’âge de départ à 64 ans. Un sujet commun aux réformistes, autour de la CFDT, et des plus radicaux, proches de la CGT. Preuve de leur détermination, ils ont demandé à la Cour des comptes d’évaluer le coût annuel d’un retour aux 62 ans. Bilan : 10,4 milliards d’euros. Dans un premier rapport commandé par François Bayrou pour permettre à tous les partenaires sociaux d’avoir un constat chiffré commun, les Sages s’étaient bornés à mesurer le manque à gagner d’un plafonnement à 63 ans.

Lignes rouges antagonistes

Pour les employeurs, en revanche, les 64 ans sont clairement une ligne rouge. «La borne d’âge à 64 ans est la mesure la plus efficace en matière de rendement financier», a rappelé Patrick Martin, le président du Medef, dans une interview au Monde. «Il faudra même sûrement aller plus loin à terme», abonde Michel Picon, à la tête de l’organisation représentative des entreprises de proximité (U2P). Seule voix légèrement discordante, celle de la CPME dont le nouveau numéro un, Amir Reza-Tofighi, s’est dit «prêt» à négocier sur l’âge, «mais à condition d’indexer l’âge de départ sur l’espérance de vie. Lorsque celle-ci augmente, il faut un mécanisme automatique pour éviter un débat politique à chaque fois», a détaillé le chef d’entreprise.

La séance de jeudi 6 mars pourrait donc être un premier indicateur pour la suite. Soit aucun parti ne donne l’impression de vouloir bouger et le «conclave» pourrait se diriger vers une fin prématurée. Cela donnerait raison à Force ouvrière, qui a claqué la porte dès la première réunion, évoquant une «mascarade», et à Patrick Martin, qui s’est publiquement dit «pessimiste» sur l’issue des négociations. Ou alors un camp - ou les deux - accepte de mettre de l’eau dans son vin. Le cas échéant, un chemin vers un accord final pourrait se dessiner. Même s’il est encore trop tôt pour crier victoire.