À Gaza, 14 000 bébés palestiniens risquent-ils de mourir de la faim en 48 heures ?

Le chiffre est choquant, alarmant. Il circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. "14 000 bébés palestiniens vont mourir dans les 48 heures si l'aide humanitaire reste bloquée par Israël", peut-on lire sur une image partagée par la députée La France insoumise, Clémence Guetté, le 21 mai sur X.

L'écologiste Marine Tondelier dénonce la même chose dans une autre publication. Des dizaines et des dizaines d'internautes ont partagé ce chiffre ces derniers jours, en français et en anglais, parfois avant la reprise de l'aide humanitaire dans la nuit de mercredi à jeudi, parfois encore après.

Un chiffre incorrect, né d'une confusion

Mais c'est chiffre est incorrect. Il vient d'une confusion faite par le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l'ONU pendant une interview sur la BBC mardi 20 mai. Tom Fletcher, qui se battait alors pour pouvoir faire entre des camions transportant de la nourriture dans la bande de Gaza, déclarait : "Dans ces camions, c'est de la nourriture pour bébé. Il y a 14 000 bébés qui vont mourir dans les 48 heures si on ne peut pas les atteindre."

La radio britannique a essayé d'avoir plus d'informations sur ce chiffre, comment il a été calculé, d'où il provient et a contacté le bureau de l'ONU qui coordonne les missions humanitaires. Il a donné une autre réponse.

Une situation critique mais pas de mort imminente

Le bureau de l'ONU s'est appuyé sur un rapport de l'Integrated Food Security Phase Classification (IPC), une sorte d'indice international sur la sécurité alimentaire dans les pays, explique la BBC. L'IPC affirme que 14 100 cas graves de malnutrition aigüe risquent de se produire chez des enfants âgés de 6 mois à 5 ans entre avril 2025 et mars 2026, donc en un an, si la situation ne changeait pas. Il ne s'agit donc pas d'un risque de mort imminente, mais tout de même d'une situation extrêmement critique. 

"Nous faisons face à la nécessité d'avoir de la nourriture pour sauver une estimation de 14 000 bébés souffrant de grave malnutrition dans Gaza. Nous avons besoin de cette aide humanitaire aussi vite que possible, idéalement dans les prochaines 48 heures", expliquait le bureau de l'ONU à la radio britannique mercredi 21 mai. Pendant son interview, Tom Fletcher a dû s'embrouiller dans tous ces chiffres.

Depuis, l'appel de l'ONU a été entendu par Israël. L'aide humanitaire a pu reprendre à Gaza dans la nuit de mercredi à jeudi, après deux mois et demi de blocus total, mais elle passe au compte-gouttes. L'avenir dira si cela suffira pour sauver ces 14 000 jeunes enfants de la famine.