Mites dans les pâtes : à Lyon, une amende de 20.000 euros requise contre Panzani

La société lyonnaise Panzani était jugée ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Lyon pour «tromperie sur la qualité substantielle d’une marchandise» pour avoir commercialisé, pendant 6 mois à partir de 2022, à ses clients particuliers comme grossistes des sachets de pâtes dans lesquels ont été retrouvées des mites alimentaires et des larves.

Entre le mois de mai 2022 et la fin de l’année 2022, la société Panzani a observé la présence de mites et larves de mites dans plusieurs de ses entrepôts en France. Selon la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), la société avait connaissance du problème et n’a pas pris les mesures de désinsectisation, traitement des entrepôts, retrait des sachets des linéaires et information au grand public. D’après les services d’hygiène, plusieurs dizaines de clients, dont des collectivités, ont acheté des sachets infestés conduisant certaines personnes à manger à leur insu des larves et insectes adultes en même temps que leurs pâtes, à devoir jeter leur marchandise, voire à devoir traiter leur maison à cause de l’infestation de mites. La DDPP fait état de 140 réclamations.

Une chaleur «inédite» en 2022

À la barre, l’entreprise, qui fabrique chaque année 200 tonnes de pâtes pour un chiffres d’affaires de 161 millions d’euros, assure avoir mis en place toutes les mesures conformes à la réglementation pour lutter contre l’infestation, qu’elle a par ailleurs reconnue. «Nous avons même fait preuve de transparence en communiquant dès septembre 2022 sur la situation et la réalité de la pression insecte qui était un phénomène inédit en cette année très chaude», indique une représentante de l’entreprise à la barre.

Dans ces conditions, les juges ont demandé comment certains lots ont tout de même été livrés à des clients. Sur ce point, Panzani assure que les lots livrés «après inspection étaient conformes». «Comment considérer que la livraison est conforme alors que les entrepôts sont infestés ? Vous dites que vous détruisez les lots quand ils sont infestés mais au final vous livrez et vous ne rappelez pas les produits», a questionné le procureur de la République.

La faute des clients ?

Pour Panzani, si des vers ont été trouvés dans les entrepôts de grossistes jusqu’à plusieurs mois après, alors l’infection s’est produite chez ses derniers et non chez eux. «On trouve des mites au début et des vers à la fin mais il n’y a pas de lien entre les deux. C’est aux papillons que l’on aurait dû envoyer l’assignation alors», a ironisé le procureur. Pour la DDPP, l’entreprise a mis du temps à prendre les mesures adéquates. Elle n’a pas fait de rappel produit pour ne pas «entacher son image de marque» et économiser près de 500.000 euros. Elle n’a pas fait non plus de fumigation dans ses entrepôts.

Ce que réfute là aussi la marque : «On a déjà fait trois rappels produits en trois ans quand cela a été nécessaire, donc ce n’est pas un problème pour nous. Par ailleurs, nous serions fous de vendre des produits infestés à nos clients dans un marché déjà ultra-concurrentiel. Finalement, aucun ne nous a quittés d’ailleurs. Personne ne s’est senti trompé ou trahi.»

Dans la lignée du rapport de l’État, le procureur a estimé que l’entreprise avait commis une faute pénale en vendant des produits infestés tout en ayant une communication «insuffisante, imprécise pour ne pas dire mensonger», vis-à-vis de ses clients et a requis une peine de 20.000 euros pour l’entreprise et 4.000 euros pour sa responsable chargé de la qualité. Assez loin des 22 millions d’euros de préjudice évoqués par la DDPP. «Une infamie» a réagi l’avocat de Panzani qui a ciblé le rapport de la DDPP «qui a choisi les pièces qui l’arrange pour dire que Panzani a fait des économies de coût». Le dossier a été mis en délibéré au 27 mars prochain.