Le rappeur Tiakola célèbre les Jeux de Paris à La Courneuve lors d’un concert marqué par de nombreux débordements

Il est de ceux qui rassemblent. Samedi soir, à l’occasion des festivités organisées pour le premier anniversaire des Jeux olympiques de Paris, le rappeur Tiakola a donné un concert devant plus de 25.000 spectateurs dans le parc Georges Valbon de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Ce show, gratuit et sans réservation, a marqué la fin du festival «Le Bel été», organisé depuis le début du mois de juillet par le département, voulant permettre aux habitants de se retrouver autour de nombreuses activités sportives, culturelles, nautiques et concerts gratuits.

L’engouement était palpable. Les transports depuis Paris étaient bondés de jeunes fans de l’artiste en fin d’après-midi. À cela s’ajoutaient ceux du groupe de K-pop STRAY KIDS, qui ont quitté le RER pour rejoindre le Stade de France sur la route. Le public de Tiakola, lui, se devait d’arriver en avance, malgré un début de concert prévu à 21 heures. La veille, les organisateurs avaient conseillé aux spectateurs d’arriver avant 18 heures, suggérant que les places étaient limitées.

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«Un artiste incontournable»

Il est vrai que le rappeur franco congolais est l’une des grandes stars du genre. Impossible de manquer l’événement. En mars dernier, Tiakola, alias William Mundala de son véritable nom, s’est produit deux fois à l’Accor Arena de Bercy devant plus de 40.000 personnes. Il était également à We Love Green début juin, et un peu partout en France cet été dans le cadre de sa tournée MELO WORLD TOUR. «Il a une voix fabuleuse, avec beaucoup de mélodies et il donne de grands spectacles», sourient Ahmed, Brian et Mathias, originaires du XVIIIe arrondissement de Paris et fans de la première heure, à l’époque où l’enfant de la cité des 4000 faisait encore ses classes dans le groupe 4Keus.

Il incarne forcément une forme de fierté, de réussite aussi, de talent pour ce territoire, très souvent décrié

Stéphane Troussel, Président du Conseil du département de Seine-Saint-Denis

« On fait venir une vedette, un artiste incontournable pour la jeunesse de Saint-Denis, et en particulier de La Courneuve, puisqu’il est originaire d’ici », se réjouit Stéphane Troussel, Président du Conseil du département de Seine-Saint-Denis. Pour la première fois, l’artiste donnera un concert dans sa ville natale, une proposition qu’il a accepté en à peine deux minutes. Stéphane Troussel poursuit : « Il incarne forcément une forme de fierté, de réussite aussi, de talent pour ce territoire, très souvent décrié. »

Depuis le début du mois de juillet, le «Bel été» a accueilli pas moins de 150.000 festivaliers. «Ce samedi, c’est un peu particulier puisque c’est le 26 juillet, ce sont les un an des Jeux, note le Président du département. Il y a une délégation du CIO qui est venue. On a dévoilé les anneaux olympiques devant le lac et on leur a fait visiter les installations.» La venue des 25.000 spectateurs a aussi nécessité le doublement des forces de sécurités privées : « On a une compagnie de CRS, une brigade équestre, la directrice du cabinet du préfet est là, un commissaire aussi. »

Début de concert retardé

Le DJ Mylan Tavares a lancé les hostilités peu avant 19 heures. Dans la foule, des fans jouent aux cartes. D’autres, collégiens ou lycéens, se pensent malins à pousser tout le monde pour se frayer une place vers l’avant. La majorité des spectateurs se revendiquent Congolais, Algériens, Sénégalais, Ivoiriens, Maliens, ou Camerounais, lorsque le chauffeur de salle fait un tour des origines de chacun. Le DJ met l’ambiance pendant deux heureux en diffusant les musiques de SDM, SoolkingAya NakamuraNiska, ou encore DJ Snake. Le public se déchaîne au passage de Chargé de Triangle des Bermudes, le son le plus populaire du moment, véritable phénomène sur les réseaux sociaux comme TikTok. Un jeune garçon a perdu sa chaussure dans l’euphorie.

L’attente est longue. Les plus grands fans portent les nouveaux t-shirts orange, jaune et noir issus de la dernière collection du chanteur sortie en partenariat avec Nike. Les stocks ont été écoulés en quelques minutes début juillet. De nombreux autres ont vêtu le traditionnel maillot du PSG, rappelons-le champions d’Europe en titre. 21 heures sonnent, tout le monde attend Tiakola. Mais l’ambiance est mauvaise. Des supposés fans en font tomber d’autres et retardent l’arrivée du chanteur, pourtant prêt à monter sur scène. Un premier débordement. « Je vous prie de bien vouloir vous calmer, sinon on ne pourra pas démarrer, leur demande le chauffeur de salle. Soyez bienveillants, le concert est gratuit. Il y a des enfants avec nous, des familles. Dites-moi si on est contraint d’annuler ? » 

@_leobnt

le concert le + cardio de ma vie@Tiakola_Meloo #tiakola #courneuve #concert

son original - LO
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«On ne va pas gâcher ça»

Après ce rappel à l’ordre, qui dure une dizaine de minutes, Tiakola fait son entrée. Il commence son show, aux côtés de son DJ, avec son single Si j’savais, lequel est suivi de T.I.A. Le rappeur est toutefois obligé d’interrompre au milieu de la chanson. « On ne va pas gâcher ça, interpelle Tiakola. Faites doucement devant. Il y a des familles, des frères et sœurs. Sinon je ne pourrai pas continuer. Faites évacuer les gens s’il vous plaît. » Il se transforme en gendarme, presque toute la soirée. Son « Bercy de la calle (rue, NDLR) » devient un véritable fiasco. Pourtant, il interprète ses titres phares, à l’instar de Special, Kassav, ou Plaisir Nocif, sur lequel il invite son confrère Liim’s à partager la scène avec lui.

Tiakola, SDM et Liim’s - Plaisir Nocif  (2024)

Mais il est à chaque fois obligé d’interrompre sa performance pour mettre de l’ordre dans le désordre. Cela dure de nouveau plusieurs minutes. « On est là pour fêter, vous êtes là, vous faites la m.... », regrette l’un de ses collaborateurs. Des personnes en seraient venues aux mains dans la foule. Des chaussures volent, atterrissent sur les têtes de spectateurs n’ayant rien demandé à personne. Pire, une perruque est aperçue dans les airs. C’est un cirque à ciel ouvert. Une spectatrice, dans la foule, se permet de plaisanter : «Vous vous attendez à quoi, on est dans le 93.» Rires jaunes tout autour d’elle.

Prestation exemplaire de Tiakola

La performance de Tiakola n’est pas à jeter. Il assure son rôle et délivre tout son catalogue de hits, avec Meuda par exemple. La surprise est même immense lorsqu’il invite sur scène les membres du groupe 4Keus, avec qui il a fait ses classes entre 2015 et 2020, avant qu’il ne se lance en solo. Ensemble, ils interprètent leurs morceaux les plus populaires, à savoir O’Kartier C’est la Hess, Mignon garçon, ou encore M.D. Les quatre amis enchaînent pendant plus d’une demi-heure.

Le concert est prolongé. Prévu initialement jusqu’à 22 heures sur le programme, il se termine finalement vers 22 h 50. Comme à son habitude, Tiakola a préparé le grand jeu pour finir en beauté. Il lance PONA NINI, un morceau entraînant, l’un des meilleurs de son album BDLM. vol.1. La foule saute, hurle. Puis il conclut avec Psychologique. Là encore, le public se déchaîne. Lui aussi. Il enlève son t-shirt et court sur la scène, avant de se retirer sous les applaudissements. La soirée se termine par un feu d’artifice grandiose, lancé sur l’hymne des Jeux olympiques. Après tout, le concert était organisé pour célébrer cet anniversaire. On y a malheureusement mis à l’honneur les comportements habituels et condamnables de certains jeunes du quartier qui se croient plus forts que tout le monde, ou juste en manque d’attention.

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4Keus - O’Kartier C’est la Hess  (2017)