États-Unis : Robert Kennedy Junior, secrétaire d'État à la Santé, en guerre contre la vaccination

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Avant de devenir secrétaire d'État à la Santé, Robert Kennedy Junior le répétait sans cesse : "Je ne suis pas anti-vaccin". Pourtant, une fois en poste, il a multiplié les mesures pour affaiblir les programmes de vaccination aux États-Unis. Il vient de renvoyer Susan Monarez, directrice des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, qui l'accusait de désinformation médicale. Aucun doute, aujourd'hui, le ministre est bien en guerre contre les vaccins.

"Il faut une direction forte"

Surveiller, prévenir, protéger. Des centres sont chargés d'anticiper le développement de maladies. Robert Kennedy Junior veut les démanteler. "Il faut regarder de près quelles sont les priorités de l'agence. S'il y a vraiment un malaise profondément ancré, alors il faut une direction forte, capable d'aller sur le terrain et de remettre de l'ordre", a-t-il déclaré le 29 août sur Fox News.

Selon lui, les chercheurs de ces centres font la promotion de traitements non reconnus par la science. Une accusation ridicule, selon un spécialiste. "Le fait qu'une seule administration s'impose au moment même où les enjeux de santé publique après le Covid sont au plus haut et suggère que le CDC [Centers for Disease Control and Prevention] aurait agi de façon inefficace, corrompue ou malveillante relève d'une vision totalement erronée", indique James Hodge, directeur du Center for Public Health Law and Policy à l’université d'État de l’Arizona.

Le motif de son licenciement : Susan Monarez aurait refusé d'appliquer les mesures de RFK qu'elle jugeait dangereuses. C'est ce qu'expliquent ses avocats. "Lorsque la directrice du CDC, Susan Monarez, a refusé d'approuver des directives non scientifiques et imprudentes et de licencier des experts de santé dévoués, elle a choisi de protéger le public plutôt que de servir un agenda politique. Pour cela, elle a été prise pour cible", assurent-ils.

Qui pour remplacer Susan Monarez ?

La Maison-Blanche soutient son secrétaire d'État à la Santé face aux protestations des scientifiques américains. "Elle n'était pas en accord avec la mission du président de rendre l'Amérique saine à nouveau. Et la secrétaire lui a demandé de démissionner. Elle a dit qu'elle le ferait, puis qu'elle ne le ferait pas. Alors, le président l'a renvoyée", déclare Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche.

Le choix de Robert Kennedy Junior pour l'intérim : Jim O'Neill, plus aligné avec sa politique. Pourtant, cet investisseur en sciences et technologies n'a aucune expérience en maladies infectieuses ou en santé publique. Pendant la pandémie de Covid, il a même relayé plusieurs théories douteuses. "Rappelez-vous, le nom Covid a été choisi pour dissimuler l'origine du virus", déclare-t-il par exemple. Cette nomination effraie les spécialistes de santé américains. "Le CDC était une organisation digne de confiance, mais elle ne peut plus l'être. Il sera donc très difficile de comprendre qui détient les bonnes informations. Et cela découle uniquement du fait que RFK Junior contrôle actuellement tous les leviers du pouvoir en matière de politique de santé aux États-Unis", explique le docteur Amesh Adalja, spécialiste des maladies infectieuses et chercheur principal au Johns Hopkins Center for Health Security.

Ces critiques répétées du gouvernement contre les centres de prévention ont des conséquences. Le 8 août dernier, un homme a tiré 180 coups de feu sur l'un de ses centres à Atlanta. Il pensait que sa dépression et ses pensées suicidaires venaient de son vaccin contre le Covid.