Climat : petits gestes écologiques et dépenses en économie de guerre

Gérard Le Puill

Des études réalisées en France et dans d’autres pays montrent qu’il est possible de réduire les maladies mortelles de 1,5% en consommant moins de protéines animales dans nos menus quotidiens. Mais ces informations risquent de passer inaperçues alors que la production d’armes de guerre au pouvoir destructeur semble devenir la priorité des priorités en Europe et au delà.

Les journalistes qui écrivent régulièrement sur les enjeux climatiques du XXIème siècle reçoivent chaque jour de nombreux textes en provenance de communicants divers et variés qui travaillent souvent au service d’intérêts particuliers. Il faut donc s’en méfier la plupart du temps. Pour ne prendre qu’un seul exemple, la course de vitesse engagée par les firmes de l’industrie automobile pour accélérer la conversion à la voiture électrique pourrait être, dans les toutes prochaines années, très émettrice de gaz à effet de serre dès lors que l’on additionne le bilan carbone de l’extraction et la transformation des métaux indispensables à sa production, celui des délocalisations des chaînes de productions dans les pays à bas coûts de main d’œuvre, celui de la publicité pour tenter de vendre toujours plus de nouveaux modèles.

De temps en temps, la publication de textes provenant de bureaux d’études réputés sérieux nous donne des informations qui méritent d’être connues et débattues. En février, une étude conduite par la Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et d’autres organisations spécialisées dans la médecine insistaient sur les avantages pour la santé d’un réchauffement global limité à +2°C d’ici à 2100. Mais cela suppose de réduire considérablement le bilan carbone des transports comme celui de l’alimentation humaine et animale. Pour la population des pays développés, cela passe par une forte réduction de la consommation de viande, ce qui n’est pas acquis d’avance.


La neutralité carbone favorable à la santé

En analysant le contenu de plus de 2.500 études, les chercheurs ont identifié 58 articles scientifiques qui évaluaient un total de 125 scénarios de neutralité carbone. Selon Léo Moutet, doctorant au CNAM à Paris, « la moitié de ces études projetaient que plus de 1,5% de tous les décès pourraient être évités par ces bénéfices indirects de mesures climatiques. Jusque là, nous avions beaucoup de raisons de penser que les politiques visant la neutralité carbone étaient plutôt favorables à la santé, mais on ne savait pas vraiment à quel point », ajoute Léo Moutet.

Laura Temime, directrice de laboratoire au CNAM, précise que « nous n’avons considéré dans cette étude que les bénéfices indirects pour la santé des politiques climatiques. Si on ajoute les bénéfices liés à l’atténuation des impacts climatiques directs sur la santé, comme par exemple les vagues de chaleur ou les précipitations extrêmes, les bénéfices pour la santé de la neutralité  carbone sont vraisemblablement bien plus grands ». La réduction du taux de mortalité de 1,5% peut sembler faible. Mais l’étude précise, qu’à l’échelle du globe et à titre de comparaison, « la consommation d’alcool est responsable d’environ 3% de l’ensemble des décès mondiaux. A l’échelle française, ce chiffre de 1,5% correspond par exemple à la part des décès attribuables au cancer du foie ».

Kévin Jean, professeur en santé et changements globaux à Paris Sciences et Lettres (PSL) indique que dans les travaux du GIEC « il nous manquait jusque-là une vision exhaustive des résultats sur cette question des bénéfices : les études disponibles sont disséminées, conduites dans des pays variés, les mécanismes considérés ne sont pas toujours les mêmes ». Il en appelle donc à  « un cadre unifié pour l’évaluation en santé des politiques climatiques. Sans un tel cadre, on ne peut pas comparer entre elles différentes options pour tendre vers des sociétés décarbonées, et ainsi identifier les options les plus favorables à la santé publique», conclut Kévin Jean.


L’économie de guerre très émettrice de CO2

Tout cela est juste mais arrive à un moment où, en Europe et ailleurs dans le monde, on parle surtout d’investir massivement dans la production d’armes de guerre, suite à l’humiliation subie par le président Ukrainien Volodymyr Zelensky par Donald Trump à la Maison Blanche. La production de ces armes et les dégâts qu’elles causent ensuite dans zones de combat ont un bilan carbone désastreux comme le montre la situation à Gaza et en Ukraine. Mais, moins de dix ans après la Cop 21 de Paris sur le climat, ce bilan est occulté dans les discours des décideurs politique européens alors que le chiffre de +1,5°C de  réchauffement à ne pas dépasser sir possible en 2100 par rapport au début du XIXème siècle est en train de être au bout de dix ans sur le continent européen et sur quelques autres.

Moins d’une décennie après cette conférence de Paris en décembre 2015, les tempêtes, les inondations et les incendies qui se multiplient un peu partout dans le monde montrent déjà que nous assistions çà un phénomène d’emballement des catastrophes climatiques dont les destructions, puis les coûteuses réparations, font croître les émissions de CO2 dans des proportions inquiétantes au niveau planétaire.

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