Guerre au Proche-Orient : ce qu'il se passe à Gaza "défie la décence, défie l'humanité, défie la loi", pointe l'ONU, qui dénonce "une guerre sans limite"

"Quand le cessez-le-feu tenait, nous pouvions livrer de l'aide (...). Maintenant, nous collectons les corps de secouristes". Prenant la parole depuis la bande de Gaza, mercredi 2 avril, le responsable du Bureau des opérations humanitaires de l'ONU (Ocha) dans les territoires palestiniens, Jonathan Whittall, est revenu sur la découverte le 30 mars d'une "fosse commune" à Rafah, dans laquelle se trouvaient les corps de 15 secouristes et humanitaires, dont huit du Croissant-Rouge palestinien et un de l'ONU. Ils étaient "toujours dans leurs uniformes, avec leurs gants, tués alors qu'ils tentaient de sauver des vies", a-t-il lancé, ajoutant que les ambulances qui se trouvaient sur les lieux "[avaient] été touchées une par une"

Mardi, l'agence de l'ONU avait déclaré que la première équipe avait été tuée par les forces israéliennes le 23 mars, et que d'autres équipes d'urgence et d'aide avaient été frappées l'une après l'autre pendant plusieurs heures alors qu'elles cherchaient leurs collègues disparus. Une attaque "emblématique du point que nous avons atteint à Gaza", a dénoncé Jonathan Whittall : "ce qui se passe ici défie la décence, défie l'humanité, défie la loi. C'est vraiment une guerre sans limite."

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, "réclame une enquête complète, minutieuse et indépendante" sur toutes les attaques contre les humanitaires, a déclaré mercredi son porte-parole, Stéphane Dujarric. Avec ces 15 nouveaux morts retrouvés enterrés, le nombre de victimes parmi les secouristes et autres acteurs de l'aide à la population a été porté à "au moins 408"  rien que dans le territoire palestinien, et ce depuis le début du conflit déclenché en riposte aux attaques terroristes meurtrières du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

"La situation humanitaire devient hors de contrôle"

Après plusieurs semaines de cessez-le-feu, Israël a repris le 18 mars ses bombardements sur le petit territoire palestinien, faisant 1 066 victimes palestiniennes, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé de Gaza. Depuis la fin de la trêve, quelque 200 000 personnes ont été "redéplacées", dont environ 100 000 ces derniers jours à Rafah, a continué Jonathan Whittall, précisant que "64% de Gaza n'est pas accessible à la population". 

Et alors qu'Israël a mis un coup d'arrêt à l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza le 2 mars, "la situation humanitaire devient hors de contrôle", a-t-il insisté, notant que les 25 boulangeries gérées par le Programme alimentaire mondial de l'ONU étaient toutes fermées depuis mardi. "C'est une boucle sans fin de sang, de souffrance et de mort. Gaza est devenu un piège mortel", a-t-il lancé.

Israël a annoncé mercredi l'extension de ses opérations militaires pour s'emparer de "larges zones" de la bande de Gaza afin de contraindre le groupe islamiste au pouvoir dans l'enclave palestinienne à libérer les otages israéliens, selon le Premier ministre Benyamin Nétanyahou. Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.