Le Nuc plus ultra spécial albums live: une nouveauté du groupe The National et une réédition pour Vanessa Paradis

The National, Rome

Ce groupe américain fait partie des formations dont on dit généralement «il faut absolument les voir en concert». Formé en 1999 à New York par des musiciens originaires de l’Ohio, The National est une des plus belles aventures du rock des 25 dernières années. Il était temps qu’ils célèbrent ce quart de siècle extrêmement créatif avec un témoignage tel que ce concert enregistré au cours de leur dernière tournée. Saisie à Rome le 3 juin dernier, cette performance proprement euphorique de 21 titres donne à entendre ce qu’il y a de plus singulier dans ce groupe qui pratique un rock arty et inspiré aux paroles souvent énigmatiques. 

Figure de proue, le chanteur Matt Berninger est un des frontmen les plus sous-estimés de la scène actuelle, insufflant passion et énergie à chacune des chansons. Derrière lui, les frères Dessner (Aaron et Bryce, multi-instrumentistes) tissent des climats fiévreux et tendus. Ce somptueux album en public retrace à merveille le développement de la carrière de ces chouchous de la critique, qui avancent sans tapage ni coup d’éclat mais publient des albums étincelants. Riche de onze albums studio, dont deux publiés pour la seule année 2023, The National sonne plus sauvage en concert qu’en studio. Ces collaborateurs occasionnels de Taylor Swift demeurent hélas méconnus de ce public qu’on qualifie de «grand» et c’est bien dommage. À l’instar de Wilco, autre formation sous-estimée dans nos contrées, ils incarnent pourtant ce que le rock américain a de meilleur.  

Vanessa Paradis, Live

Plus de vingt ans après, le premier album en public de la star française ressort avec des titres supplémentaires et c’est un événement. À l’époque de ce premier passage à l’Olympia, Vanessa Paradis n’a que 20 ans et se trouve à un tournant de sa jeune carrière, amorcée 5 ans plus tôt avec le triomphe de Joe le taxi. Son troisième album éponyme, écrit et réalisé par Lenny Kravitz, vient de sortir et la propulse en interprète à la dimension internationale. 

Son Natural High Tour se pose dix soirs à l’Olympia et lui permet de présenter un florilège de ses meilleures chansons. Il lui offre aussi l’opportunité d’interpréter des reprises révélant ses goûts : des Cactus de Jacques Dutronc à As Tears Go By des Rolling Stones en passant par I’m Waiting for the man du Velvet Underground et Walk on the Wild Side de Lou Reed en solo. Une manière de prouver à ses détracteurs qu’elle n’est vraiment pas une poupée de son. Les chansons de Kravitz se taillent la part du lion, mais celles de Serge Gainsbourg s’imposent sans peine, notamment Tandem et Dis-lui toi que je t’aime. Avec ces concerts, Vanessa Paradis s’affirme surtout comme une chanteuse singulière, au timbre unique et original. Il lui faudra plusieurs années pour repartir en tournée, mais ce baptême confirmera sa place de choix dans le paysage musical français.