Aides aux entreprises, montée de l’extrême droite… À la Fête de l’Humanité, le patron du Medef fait face au sénateur PCF Fabien Gay

Si le rapport parlementaire du sénateur communiste, Fabien Gay, qui a mis en lumière les 211 milliards d’euros versés en 2024 aux entreprises promettait de faire des étincelles lors du débat, organisé à la Fête de l’Humanité, entre celui qui est également directeur du journal et le président du Medef Patrick Martin, l’échange a débuté en toute cordialité.

« C’est important qu’on se confronte et qu’on dialogue. On ne sera pas d’accord. Mais il n’y a rien de pire que de ne pas s’écouter », a lancé ce dernier sous le chapiteau l’Agora. « Je suis allé à la Ref (le rendez-vous de rentrée du syndicat patronal, N.D.L.R.) où ce n’était pas si facile pour moi. Je vous remercie d’avoir accepté le match retour », a salué le premier.

Mais très vite, on est entré dans le vif du sujet. « Je conteste ces 211 milliards, ce ne sont pas des aides mais des contreparties. On paye en France 60 milliards d’impôts de plus que les entreprises italiennes », a attaqué le patron des patrons, assurant avoir « retenu la leçon » du face-à-face avec Sophie Binet, l’année dernière à la Fête de l’Humanité également, où la secrétaire générale de la CGT lui avait rappelé que ce qu’il nomme « charges sociales » sont en réalité des cotisations. Mais la leçon était en réalité à demi retenue : « Nos entreprises participent déjà à l’effort (sur le déficit) à hauteur de 300 milliards d’impôts, hors aide publique. On peut le faire plus, on le fera d’autant plus s’il y a de la croissance. Mais il faut prendre en compte la compétition mondiale », a-t-il déroulé.

« Les grandes entreprises payent peu ou pas d’impôts »

La réplique ne s’est pas fait attendre. « Les grandes entreprises payent peu ou pas d’impôts. Chaque entreprise du CAC40 compte 63 filiales en moyenne dans des paradis fiscaux. Oui, les grandes entreprises peuvent et doivent contribuer. Et les ultra-riches bénéficient d’une économie de rente avec l’héritage. Il faut les faire contribuer », lui a répondu Fabien Gay.

« Je ne dis pas vous mais je m’inquiète qu’une partie du patronat soit en train de basculer vers l’extrême droite, a également interpellé le sénateur. Vous avez une responsabilité de tenir cette digue. » Le patron du Medef a réagi du tac ou tac : « Personne ne peut dire que je suis d’extrême droite ». Mais une précision dit tout : « À la Ref, j’ai dit que je me désolais que certains intervenants ne prennent pas en compte la compétition internationale. J’ai dit que Gabriel Attal, Bruno Retailleau et dans une moindre mesure Jordan Bardella prenait en compte cette compétition mondiale. »