Paris aux rythmes latino : deux concerts exceptionnels au pays du folklore argentin
Sillonner l’Argentine d’est en ouest, et du nord au sud pour le prix d’un ticket de métro ? Vibrer sur des airs de la pampa, des montagnes de Catamarca dans la cordillère des Andes, de la Quebrada de Humahuaca, des vignobles de Mendoza… Telle est la promesse des deux concerts exceptionnels du vendredi 4 et du dimanche 6 juillet donnés par la LOCA (La Orquesta Criolla Argentina) et ses orchestres de Paris, Toulouse et Marseille dirigés par Alfonso Pacín. Ce musicien aussi atypique qu’exceptionnel formé à Buenos Aires, Berkeley et Paris, qui a accompagné les tournées internationales de Mercedes Sosa, Stéphane Grapelli, Tito Puentes, Quilapayun, Raul Barboza, est aussi l’auteur d’une thèse de philosophie dirigée par Jean-Luc Marion. Sujet : la conscience intime du temps dans la phénoménologie de Husserl. Inattendu pour un violoniste-guitariste argentin ? Pas tant que cela, si l’on songe à la fameuse polyrythmie qui définit la musique latino-américaine, et qui traduit la confluence non consensuelle de trois réalités musicales et humaines : celle des natifs d’Amérique du Sud, celle des Européens arrivés en conquérants, et celle des Africains amenés de force comme esclaves. « La nature de leur rencontre historique est traduite en musique par la polyrythmie : l’existence de rythmes juxtaposés et opposés dans leur intention témoigne de la façon dont la musique peut mettre en relation des gens très divers. Leurs identités s’entremêlent et ne se fondent pas », explique Alfonso Pacín. N’allez donc plus vous demander si la musique argentine est binaire ou ternaire : elle est les deux. Si on doit la jouer « a tempo » ou « au fond du temps ». Si elle est l’écho des chants incas, quechua, aymaras, européens ou africains : elle est tout cela.
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Lui-même s’est abreuvé à de multiples sources : fils de la grande pianiste classique Evelina Aitala, qui concevait la musique comme une source d’harmonie universelle, il s’est formé au violon classique dès l’âge de 6 ans, et a été baigné de musique folklorique de sa pampa natale, à Lamadrid, un océan de verdure et de prairies à perte de vue à 600 km au sud-ouest de Buenos Aires, puis des airs et des rythmes de tango de la capitale argentine. Pour transmettre la musique folklorique hors d’Argentine (Alfonso Pacín vit à Paris depuis 25 ans), il a fallu la réécrire d’une façon plus académique, l’harmoniser, la décliner sur plusieurs voix pour la rendre plus universelle et accessible à plus de musiciens : ce travail d’arrangement et de composition est celui d’un passeur de mémoires, mais aussi de vie, tout simplement. «J’ai la prétention fantaisiste de penser que cela sert à quelque chose au-delà de la musique». L’ambiance de ses orchestres-écoles en témoigne : les répétitions commencent souvent autour d’une carte de l’Amérique latine, où l’on peut situer ces musiques et leur évolution à travers le continent (à Cullo, la tradition espagnole vocale, sur le Río de la Plata les percussions diverses, en Uruguay, les rythmes africains, sur le chemin entre Lima et Buenos Aires, la musique afro-péruvienne…), et se terminent en auberge espagnole, où empanadas et alfajores côtoient saucissons et fromages, où les héritages gastronomiques et viticoles d’un peu partout nourrissent les amitiés.
Passer la publicitéCe vendredi 4 juillet les Relais de Pantin, et ce dimanche 6 juillet, la Marbrerie de Montreuil vibreront grâce aux chacareras, zambas, chamamé, cuecas, huaynos interprétés par les 80 musiciens de la LOCA, renforcés par deux étoiles de la musique argentine réunies par Alfonso Pacín : la chanteuse compositrice Nadia Larcher, originaire de Catamarca, au Nord-Ouest de l’Argentine, de culture inca, au milieu des montagnes de cordillère des Andes, et la bandonéoniste Milagros Caliva, originaire des Misiones, de culture guarani, au milieu de la forêt amazonienne et des tropiques humides. « Elles portent en elles la source naturelle des terres d’où elles viennent avec cette volonté de transmission universaliste de la musique, et avec la sagesse de quelqu’un qui n’a rien à prouver ». Rendez-vous demain et dimanche pour un voyage musical inoubliable. Dépaysement garanti !
Vendredi 4 juillet – Les Relais de Pantin
61 rue Victor Hugo, M° Église de Pantin
• 19h : initiation à la danse
• 20h : Peña – concert festif, entrée libre
Dimanche 6 juillet – La Marbrerie, Montreuil
21 rue Alexis Lepère, M° Mairie de Montreuil
• 14h : grand concert, entrée libre
Informations : www.oemta.fr