Paul Schrader, scénariste de Taxi Driver, accusé d’agression sexuelle et de harcèlement
Les faits se seraient déroulés l’année dernière, lors de la 77e édition du Festival de Cannes. Paul Schrader, scénariste de Taxi Driver et Raging Bull, était convié à l’événement dédié au septième art pour y promouvoir son film Oh, Canada. Il y est venu avec son ancienne assistante qui l’accuse de l’avoir agressée sexuellement et harcelée, dans une plainte déposée vendredi dans un tribunal de New York, rendue publique quelques heures plus tard.
La plaignante, une jeune femme de 26 ans restée anonyme, affirme que le cinéaste l’aurait enfermée dans sa chambre d’hôtel avant de « l’embrasser contre sa volonté » en mai 2024. Elle se serait débattue avant de fuir, peut-on lire dans la plainte. Mais trois jours plus tard, le scénariste de 78 ans lui aurait réclamé de revenir dans sa chambre d’hôtel, prétextant être « sur le point de mourir ». Alarmée, la jeune assistante se serait déplacée pour vérifier son état et aurait été accueillie par un Paul Schrader en forme, «vêtu uniquement d’un peignoir ouvert, avec son pénis entièrement exhibé», toujours selon la plainte.
La victime présumée affirme également avoir subi un harcèlement régulier de 2021 à 2024 pendant qu’elle travaillait pour le cinéaste. Mails à l’appui, elle aurait reçu des « déclarations répétées d’amour » tandis que le scénariste lui aurait posé de nombreuses « questions sexuelles inappropriées » et lui aurait fait des « commentaires obscènes et misogynes ». « Je sens que mon affection vous met mal à l’aise », aurait-il écrit en 2023, dans un mail retranscrit dans la plainte.
En septembre 2024, Paul Schrader lui aurait envoyé un e-mail en se comparant à Harvey Weinstein, le producteur hollywoodien déchu dont les abus ont fait exploser le mouvement #MeToo. « J’ai fait une grosse connerie », aurait-il écrit. « Si je suis devenu Harvey Weinstein dans ton esprit, alors bien sûr, tu n’as pas d’autre choix que de me mettre dans le rétroviseur.»
Les avocats de la plaignante affirment qu’elle aurait été licenciée en septembre, parce qu’elle refusait d’accepter les avances de son patron. Les deux partis auraient convenu d’un arrangement financier pour éviter une procédure pénale. Mais le scénariste aurait traîné à le signer et après un moment « d’introspection », serait revenu sur sa décision, affirmant qu’il « ne pourrait pas vivre avec lui-même » s’il acceptait cet accord. La plainte réclame cependant son application
Le scénariste nie les accusations
Paul Schrader a donné sa version des faits dans un communiqué publié lundi 7 avril, relayé par IndieWire . Il qualifie la plainte d’une tentative de « réécrire l’histoire » pour « se faire de l’argent facile ». « À l’automne de l’année dernière, un avocat dont je n’avais jamais entendu parler, représentant mon ancienne assistante, m’a envoyé une lettre exigeant que je la paye des millions de dollars. Sinon elle menaçait de rendre publique des accusations sensationnelles, fausses et trompeuses sur notre relation. Elle m’a aussi menacée de me conduire en justice.»
Le scénariste américain nie ces accusations. « Je n’ai jamais eu de relations sexuelles, sous quelque forme que ce soit, avec la plaignante. (...) Je ne me suis jamais exhibé à la plaignante » même s’il reconnaît lui avoir donné « deux baisers sur les lèvres après avoir bu ensemble ».
Avant de préciser: « Le premier baiser a eu lieu en décembre 2023 dans un bar new-yorkais, après que nous avons tous les deux bu. Elle a continué à travailler avec moi par la suite. Elle ne m’a pas indiqué avoir été perturbée par ce baiser, et encore moins qu’elle souhaitait changer ou mettre fin à notre relation. Le second baiser a eu lieu en mai 2024 à Cannes, où elle m’avait accompagné à l’avant-première de mon dernier film. Une fois de plus, après avoir bu ensemble, je l’ai embrassée. Cette fois, elle a manifesté son mécontentement. Je n’ai plus jamais tenté de l’embrasser et je me suis excusé. Même après Cannes, la plaignante a exprimé avec insistance son désir de continuer à travailler, dîner et voyager avec moi », affirme-t-il.
Les accusations proférées à son encontre sont « gravement inexactes, très trompeuses et fondamentalement fausses », a assuré à l’AFP son avocat, Philip Kessler. « Nous nous défendrons vigoureusement. »