Université Lyon 2 : la publication par un professeur d’une liste de «génocidaires à boycotter» crée la polémique
Cette université lyonnaise avait déjà été au cœur d’une controverse en avril dernier après que le géographe Fabrice Balanche a été intimidé et bousculé par des individus menaçants et masqués en plein cours. La direction de l’établissement se dit choquée et condamne les propos de l’enseignant.
Passer la publicité Passer la publicitéUne nouvelle polémique secoue l’université Lyon 2, encore une fois sur fond de conflit israélo-palestinien. Un professeur d’histoire et chercheur au CIHAM (Histoire, archéologie, littérature des mondes chrétiens et musulmans médiévaux) est épinglé depuis quelques jours pour avoir publié une liste de 20 personnalités publiques qu’il présente comme des «génocidaires à boycotter en toutes circonstances». Parmi elles, Yvan Attal, le présentateur Arthur Essebag, Yonathan Arfi, Charlotte Gainsbourg et Bernard-Henri Lévy, entre autres.
L’enseignant Julien Théry a publié ce message sur un «groupe d’échanges sur l’actualité de l’histoire et des idées» sur Facebook et répondait à autre publication postée le même jour par une certaine Sophie Tregan, qui se présente comme une autrice du Club Mediapart. Dans son post, la femme s’indigne d’une tribune intitulée : «“Monsieur le président, vous ne pouvez pas reconnaître un État palestinien sans conditions préalables” : l’appel de 20 personnalités à Emmanuel Macron». Il s’agit des mêmes 20 personnalités pointées du doigt par Julien Théry.
La publication du professeur d’histoire a été publiée le 20 septembre dernier mais provoque un tollé depuis que la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a dénoncé vendredi soir sur X une «attitude ignominieuse». «On peut être professeur d’Histoire d’université, se croire progressiste, et faire des listes comme on en faisait sous l’Occupation. L’appel au boycott de personnes physiques, c’est de la provocation à la discrimination et à la violence», s’est insurgée l’association, expliquant se tenir «à la disposition de chacune des personnes diffamées pour les assister en justice».
«Faire reculer l’islamo-gauchisme»
Samedi, Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale, s’est également indigné sur X face à des propos «proprement hallucinants». L’ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a déploré «l’antisémitisme ordinaire d’extrême gauche dans nos universités». «Je sais pourquoi nous avons stoppé tous les financements régionaux à cette université», a-t-il ajouté.
Le député LR de la Haute-Loire avait suspendu les subventions de la région à l’université Lyon 2 après que le géographe Fabrice Balanche a été intimidé et bousculé en plein cours en avril dernier par des individus menaçants et masqués. Ces derniers l’avaient accusé d’être «pro-Assad, complice du génocide» et avaient crié dans la salle : «Racistes, sionistes, c’est vous les terroristes», sur fond de polémiques pendant le ramadan. À l’époque, Laurent Wauquiez se disait «en lutte pour faire reculer l’islamo-gauchisme» à Lyon 2.
Victime d’une «offensive maccarthyste»
Face à l’ampleur de la controverse le concernant, l’enseignant Julien Théry a réagi sur son profil Facebook, suivi par plus de 6000 personnes. Et il assume ses propos. «Les petits fonctionnaires de la hasbara (un relais ou un agent de la rhétorique d’Israël, NDLR) chassent en meute derrière la très mal nommée LICRA ! En confondant bien sûr "juifs" et "sionistes partisans du génocide en Palestine"... confusion typiquement antisémite», a-t-il souligné, tout en renvoyant vers un article qu’il a écrit intitulé : «“Antisémitisme de gauche” : la grande fake news». Il se serait placé en victime d’«une offensive maccarthyste contre la liberté de la recherche et de l’enseignement», dans un mail adressé à nos confrères du Progrès .
Sur sa page Facebook, on y apprend par ailleurs qu’il anime l’émission «La Grande H.» sur Le Média, ce site d’actualités à la ligne éditoriale d’extrême gauche co-fondé par Sophia Chikirou, bras droit de Jean-Luc Mélenchon. La dernière émission à laquelle il a participé date du 2 novembre et se nomme : «Blanchiment de la mémoire : Emmanuel Macron et le passé colonial». C’est ce même média qui gère la tenue du groupe Facebook sur lequel Julien Théry a publié sa liste de 20 personnalités.
Passer la publicitéContactée par Le Figaro, l’université Lumière Lyon 2, dont la réputation a largement été entachée par les différents scandales de ce type, explique avoir «pris connaissance, avec consternation, d’un post Facebook de notre collègue Julien Théry, professeur d’histoire médiévale». La direction condamne «avec la plus grande fermeté le contenu de cette publication, qui ne représente aucunement notre université ni les valeurs qu’elle défend et transmet. Tout en reconnaissant à ce collègue, qui n’exerce aucune fonction de représentation de notre établissement, un droit absolu d’expression à titre individuel et privé, nous n’en sommes pas moins très choqués par un procédé dont nous nous désolidarisons complètement». Le professeur sera-t-il sanctionné ? L’université répond qu’elle «déterminera dans les meilleurs délais les mesures qui s’imposent».