Les États-Unis maintiendront une «dissuasion crédible et robuste» dans le détroit de Taïwan

Les États-Unis maintiendront «une dissuasion crédible et robuste» dans la région Asie-Pacifique, y compris dans le détroit de Taïwan, a affirmé dimanche à Tokyo le ministre américain de la Défense, attaché à rassurer ses alliés asiatiques et fustigeant l'intensification de manœuvres chinoises «agressives et coercitives».

«Les États-Unis sont déterminés à maintenir une dissuasion crédible, robuste, prête à l'emploi dans l'Indo-Pacifique, y compris à travers le détroit de Taïwan», a insisté Pete Hegseth après des entretiens à Tokyo avec son homologue japonais Gen Nakatani. «Nous avons évoqué la situation sécuritaire critique et urgente autour du Japon», a-t-il indiqué à la presse.

«Le Japon serait en première ligne face à toute éventualité dans le Pacifique occidental, et nous sommes solidaires (...) Les États-Unis et le Japon sont fermement unis face aux actions agressives et coercitives des communistes chinois», a ajouté le chef du Pentagone.

Gonfler le budget militaire

Avec des incursions aériennes quasi quotidiennes, Pékin a intensifié sa pression militaire ces dernières années autour de Taïwan, île gouvernée de facto de façon autonome mais dont la Chine populaire revendique la souveraineté et n'exclut pas de prendre le contrôle par la force. Taipei table sur la protection des États-Unis, son grand pourvoyeur d'armements.

«Les États-Unis ne peuvent se retirer (de la région) car il en va de leur intérêt premier. Si Taïwan tombait et était pris par le Parti communiste chinois, dans quelle situation se trouveraient le Japon et les Philippines?», insistait début mars le ministre taïwanais de la Défense Wellington Koo. Le Japon reste lui-aussi dépendant des États-Unis pour sa sécurité : 54.000 militaires américains sont stationnés dans l'archipel, principalement à Okinawa, à l'est de Taïwan.

Mais avec l'approche «American First» aux accents isolationnistes de l'administration Trump, les alliés des États-Unis, en Europe comme en Asie, s'alarment d'un affaiblissement de l'engagement américain. «Nous avons un accord intéressant avec le Japon : nous devons les protéger, mais eux ne sont pas tenus de nous protéger. Qui conclut de tels accords ?», s'était récemment exclamé le président américain Donald Trump.

Une «nouvelle ère»

Washington pousse ses alliés à accroître considérablement leurs dépenses militaires - un objectif de 2 % du PIB est fixé aux pays membres de l'Otan. Abandonnant son strict positionnement pacifiste, Tokyo s'efforce de se doter de capacités de «contre-attaque» et de doubler ses dépenses militaires pour atteindre également 2 % du PIB. Mais l'allié américain pourrait lui demander d'aller au-delà.

«Nous n'avons pas communiqué de chiffres précis. Nous sommes convaincus que le Japon prendra les bonnes décisions sur les capacités nécessaires au sein de notre alliance pour garantir notre solidarité», a commenté dimanche Pete Hegseth. «Le Japon a été un allié modèle (...), mais nous reconnaissons ensemble qu'il faut que chacun fasse davantage» a ajouté le secrétaire américain à la Défense.

Le ministre nippon à la Défense, Gen Nakatani, a rappelé dimanche que ces dépenses devaient être engagées «sous la responsabilité du Japon» et que Tokyo «travaillait continuellement au renforcement drastique des capacités de Défense». L'an dernier, le président américain Joe Biden et Fumio Kishida, alors Premier ministre nippon, avaient déjà annoncé une «nouvelle ère» de coopération, avec notamment la création d'un nouveau quartier général américain basé au Japon.