«Vous êtes l’arbre qui cache la Nupes!» : vive passe d’armes entre Hayer et Glucksmann sur le «Pacte migratoire»
Ce fut l’un des temps forts du débat télévisé de mercredi soir. Réunis par RFI et France 24 dans les locaux du Parlement européen à Bruxelles, les huit candidats au scrutin communautaire, à l’exception de Jordan Bardella remplacé pour l’occasion par son numéro trois Fabrice Leggeri, ont débattu des grands enjeux de la campagne. Et surtout de la question migratoire, quelques instants après l’adoption du pacte sur l’asile et l’immigration par les députés européens. Alors que la tête de liste de la majorité Valérie Hayer est à la peine dans les sondages, et voit son concurrent PS-Place publique Raphaël Glucksmann se rapprocher dangereusement, la présidente du groupe Renew a pu, à la faveur de l’actualité, dérouler une nouvelle stratégie d’attaque contre l’essayiste.
Seule partisane, sur le plateau, du paquet législatif adopté, la Mayennaise a commencé par vanter les mérites d’un texte qui «permettra de mieux contrôler nos frontières, gérer les flux migratoires irréguliers, et de ne pas laisser les réseaux de passeurs décider à notre place.» Avant de s’en prendre d’abord au RN, qui s’y oppose pour ne pas «assécher son carburant». Tout comme LR, qui «court toujours plus derrière l’extrême-droite», et enfin la gauche, «toujours dans la naïveté et l’inaction». Façon de mieux tirer à boulets rouges contre sa plus grande menace.
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«Monsieur Glucksmann, vous prétendez que vous ne pouvez pas soutenir ce texte parce qu’il serait déshumanisant pour les migrants. Mais qu’est-ce que vous dites à vos collègues socialistes espagnols, à vos collègues socialistes allemands qui votent ce texte ? Est-ce que vous leur dites qu’ils sont devenus de méchants réactionnaires ?, a-t-elle fait mine de s’interroger. Non, vous ne leur dites pas ça ! Tout simplement parce que si vous ne votez pas ce texte aujourd’hui, ce n’est pas pour des raisons de fond, (...) c’est pour des raisons simplement électoralistes nationales, parce que vous savez pertinemment que si vous votez ce texte, vous allez faire éclater la Nupes, votre liste Nupes.» «Vous êtes l’arbre qui cache la Nupes!», a-t-elle cinglé.
«Une tirade apprise par cœur»
Pour mieux enfoncer le clou, Valérie Hayer s’est appuyée sur une poignée de personnes présentes sur la liste PS-PP et qui ont un lien avec l’ancienne coalition de la gauche. À savoir : Pierre Jouyet, numéro trois, et ancien négociateur du PS lors de la construction de la Nupes au printemps 2022, ou encore Sarah Kerrich, numéro quatorze, et qui «se réjouissait d’une cohabitation avec Jean-Luc Mélenchon».
Une attaque visiblement préparée en amont, en bonne et due forme, à laquelle l’essayiste n’a pas tardé avant d’y répondre. «Si je ne vote pas ce texte, contrairement à votre tirade que vous avez appris par cœur pour enrayer votre chute, c’est parce que je l’ai lu dans le détail», a répliqué celui qui est à 12% d’intentions de vote, selon la dernière vague du rolling Ifop-Fiducial pour Le Figaro , LCI et Sud Radio. En fait, Raphaël Glucksmann se serait posé deux questions. D’abord, «est-ce que cela (le texte, NDLR) répond à l’indignité ?». «Et non, ça ne répond pas à l’indignité : il n’y a rien sur le fait de sauver les gens en mer», a lancé le candidat soutenu par le PS. Et ensuite : «Est-ce que ça mettra fin au désordre» du système de Dublin ? «La réponse est non.»
Reconnaissant qu’il peut y avoir des «divergences d’appréciations sur un texte» au sein des gauches européennes sur ce dossier, Raphaël Glucksmann a martelé qu’il n’a traité personne de «méchant réactionnaire». «Ça, c’est dans les éléments de langage!», a fini par conclure l’essayiste. Le duel entre les deux personnalités ne fait que commencer.