Visa pour l'image : Gaëlle Girbes photographie les Ukrainiens qui survivent "au milieu des ruines"
À Perpignan, le festival Visa pour l'image, qui se déroule du 30 août au 14 septembre, consacre une large partie de ses expositions aux conflits du monde et à leurs conséquences pour les populations civiles. La photographe Gaëlle Girbes s'est intéressée à ceux qui, en Ukraine, survivent au milieu des ruines. Tel est le nom de son exposition, visible au sein de l'église des Dominicains de la cité catalane.
Gaëlle Girbes s'est rendue dans deux villages et deux villes de la région de Donetsk et de Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine. "Ce que j'ai voulu montrer, c'est que des villages complètement dévastés, rasés, ce ne sont pas des exceptions, c'est 30% du pays. Montrer ça et montrer aussi la résilience et le courage des Ukrainiens qui n'ont pas le choix que d'essayer de survivre dans ces conditions terribles", dévoile la photojournaliste.
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Ces villages et villes fantômes ont perdu la quasi-totalité de leurs habitants. Avant la guerre, ils étaient plus de 18 000 à vivre dans la petite ville minière de Vouhledar, au sud-ouest de Donetsk, ils n'étaient plus que 139 quand les Russes l'ont prise en septembre 2024.
Les "oubliés du monde"
Dans les villages libérés, certains habitants sont revenus malgré l'absence d'eau courante et d'électricité comme Irina et Sergueï, photographiés à Kam'yanka, au sud de Louhansk. "Irina et Sergueï, en fait, ont perdu leur maison, elle a été entièrement rasée, évoque Gaëlle Girbes. Et donc, désormais, ils vivent dans l'étable de leur ferme. L'hiver dernier, ils vivaient sur un sol en terre battue. En Ukraine, c'est particulièrement froid et ils ne peuvent pas se permettre d'être malades dans de telles conditions. Donc ils sont partis chercher dans l'école du village complètement dévastée, du linoléum et des tapis pour pouvoir isoler leur sol afin de passer l'hiver."
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Des habitants très seuls, dont on ne parle pas et qui doivent réinventer leur vie, souligne la photographe : "En fait, eux-mêmes disent 'Voilà, on est oubliés du monde'. Ce que je voulais faire, c'était leur donner l'occasion de dire ce qui leur est arrivé et de dire aussi qu'en fait, ils ont besoin d'aide parce qu'ils n'en ont pas de l'aide, ils en ont trop peu." En Ukraine, plus de 4,6 millions de personnes ont perdu leur logement.