Les comédiens de doublage français se mobilisent contre la généralisation de l’intelligence artificielle
Mardi 3 décembre, de nombreux artistes du doublage français se mobilisent pour exprimer leurs inquiétudes face à la menace que représente l’intelligence artificielle dans leur métier. Ce rassemblement a lieu place Diaghilev, juste derrière le Palais Garnier. Leur crainte : que leurs voix soient réutilisées par des machines. Les outils d’IA générative, capables de créer du contenu, pourraient ainsi traduire, cloner ou même synthétiser des textes, des voix, des interprétations et des émotions avec une précision étonnante. Le 21 mai 2024, des figures emblématiques du doublage comme Brigitte Lecordier (la voix de Son Goku dans Dragon Ball), Donald Reignoux (Spiderman, Titeuf), Dorothée Pousséo (Margot Robbie), ou encore Benoît Allemane (Morgan Freeman) avaient déjà lancé une pétition contre l’utilisation de l’IA dans leur secteur, en interpellant la ministre de la Culture, Rachida Dati.
Un secteur d’activité qui risque de s’effondrer
Le collectif #TouchePasMaVF rappelle, dans un communiqué, que la filière doublage en France représente 15 000 emplois, dont 5 000 comédiens intermittents répartis sur une centaine d’entreprises, principalement en Île-de-France. Ces professionnels expriment de vives inquiétudes face à l’absence de protection dans leurs contrats concernant l’utilisation de l’intelligence artificielle. Emmanuel Curtil, comédien appelle l’État à légiférer pour encadrer l’utilisation de l’IA dans les œuvres culturelles.
Le communiqué rappelle également l’importance du doublage, qui représente en moyenne 85 % des entrées cinéma des films étrangers en France, et insiste sur son rôle dans le rayonnement de la francophonie. Les comédiens demandent un soutien fort des grands studios de production afin d’établir des contrats protégeant leurs droits. Brigitte Lecordier, figure emblématique du doublage, a ajouté au micro de BFMTV: « Il faut vraiment un contrat qui nous protège. » Elle insiste également sur le fait qu’aucune clause n’est actuellement prévue dans leurs contrats pour éviter que leurs voix soient exploitées par des outils d’IA.
Enfin, Brigitte Lecordier souligne l’irremplaçabilité de l’humain dans le doublage : « L’IA n’a pas de sentiment. Elle ne ressent pas ce que nous vivons, elle ne peut pas saisir l’émotion humaine, ce qui est essentiel dans l’interprétation d’un personnage. »