"Nous voulons être mieux préparés" : pour éviter la situation de la Roumanie, la Pologne lutte contre les fake news avant son élection présidentielle
Les Polonais se rendent aux urnes, dimanche 18 mai, pour le premier tour de l’élection présidentielle qui doit trouver un successeur à Andrzej Duda. Au cours de ces derniers mois, les fausses informations et les fausses nouvelles se sont multipliées dans le cadre de la campagne électorale pour tenter de la déstabiliser. L'institut polonais de surveillance des réseaux numériques Nask a annoncé, jeudi 15 mai, avoir découvert des tentatives d'ingérence dans la campagne présidentielle en Pologne. "Des messages cohérents avec la ligne de propagande de la Fédération de Russie", selon l'institut.
Jacek, un Polonais de 29 ans, en a relevé plusieurs exemples sur ses réseaux sociaux ces dernières semaines. "Ça, par exemple, c’est un post anti-migrants, qui affirme que les policiers allemands à la frontière poussent des réfugiés vers la Pologne", explique le jeune homme en montrant son écran. La publication "suggère que si un candidat libéral accède au pouvoir, il fera venir les migrants de toute l’Europe", relate-t-il. Sur la photo, le prétendu migrant est en fait un sans-abri polonais reconduit vers la frontière, et la publication a été repartagée plus de 2 000 fois sur X. Les experts ont aussi révélé l’opération Doppelganger pilotée par des trolls russes qui utilisent des articles de médias classiques polonais pour légitimer des propos mensongers sur les réseaux.
2 000 alertes par jour
Un scénario qui ressemble grandement à ce qui s'est passé l'hiver dernier, en Roumanie. Le scrutin qui avait mené à l'élection d'un candidat pro-russe avait été invalidé par la Cour constitutionnelle après une grosse campagne de désinformation. Pour éviter ce cauchemar, les autorités polonaises ont décidé d’intervenir en amont, en créant un large dispositif de lutte contre la désinformation : le parapluie électoral, devenu indispensable depuis. "Aujourd'hui, sur une journée normale, hors du pic de la campagne électorale, on reçoit 2 000 alertes de potentiels incidents sur le cyberespace, dont environ 700 ou 800 qui nécessitent notre intervention", détaille le vice-ministre polonais du Numérique, Dariusz Standerski. "Nous avons décidé de lancer ce programme en voyant ce qu’il s’est passé en Roumanie l’an dernier, car nous voulons être mieux préparés", souligne le vice-ministre.
Parmi les solutions concrètes mises en place dans le cadre de ce dispositif, il y a par exemple des sessions de sensibilisation aux fausses informations pour les influenceurs polonais, ou encore la création d’une application permettant aux citoyens de signaler eux-mêmes un contenu qu’ils estiment malhonnête, voire mensonger.