Guerre en Ukraine : "Le fait nouveau, c'est que les États-Unis sont avec Poutine", affirme François Hollande

"Le fait nouveau, c'est Donald Trump, le fait nouveau, c'est que les États-Unis sont avec Poutine, et considèrent que l'Ukraine doit céder une partie de son territoire et même une partie de ses terres rares", affirme jeudi 13 mars sur franceinfo l'ancien président de la République François Hollande, qui compare la situation aujourd'hui à celle précédant les accords de Minsk.

"Il y a dix ans, les États-Unis n'étaient pas dans la négociation mais ils soutenaient l'Ukraine et nos efforts pour aboutir à un cessez-le-feu, déjà, et à un éventuel accord de paix. Il y avait, de la part de Vladimir Poutine, la crainte qu'il soit coupé du monde et victime de sanctions sur sa propre économie. Il était donc engagé à une négociation dont il pensait qu'il pouvait tirer avantage", analyse ainsi François Hollande pour qui "c'est le rapport de force qui a changé".

Le clash avec Zelenky était "un aveu de faiblesse" de Trump

Lors de la rencontre début mars entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, le président américain a affirmé à son homologue ukrainien qu'il n'avait pas "les cartes en main", une phrase "qui m'a parue déterminante", souligne François Hollande. "La manière dont Trump a traité Zelensky était tout sauf une manière de mettre la négociation au bénéfice de l'Ukraine", commente-t-il. "C'est un aveu de faiblesse de l'Ukraine qui mettait Poutine en position de force, et il l'a parfaitement compris."

"Poutine attend maintenant d'avoir la rencontre ou le coup de téléphone qui le remet au cœur du jeu, qui va lui permettre de dire que son invasion est avalisée et qu'il a gagné des territoires, qu'il a avalé une partie de l'Ukraine et qu'il se prépare pour un autre temps."

François Hollande

à franceinfo

François Hollande considère comme primordial d'apporter des garanties de sécurité à l'Ukraine "que Vladimir Poutine ne recommencera pas. Jusqu'à Donald Trump, les États-Unis laissaient penser qu'ils seraient parties prenantes d'une garantie de sécurité", alors qu'aujourd'hui, les déclarations de Trump laissent à penser à François Hollande qu'il n'y aura pas de présence militaire américaine en cas de cessez-le-feu. Selon lui, "ce sera sans doute soit des forces de maintien de la paix, soit des forces européennes, peut-être d'autres, qui auront à garantir la sécurité de l'Ukraine."

"Il est légitime que les Européens s'organisent différemment"

Ce qui est nouveau dans la menace russe, "et qui justifie un certain nombre de choix européens et nationaux, c'est que Donald Trump n'assure plus la sécurité du continent européen comme par le passé. Dès lors que l'alliance Atlantique est devant cette réalité nouvelle, que son acteur principal n'est plus aussi engagé pour la garantie de notre propre indépendance et de notre propre sécurité, il est légitime que les Européens s'organisent différemment", avance François Hollande.

Vladimir Poutine veut, selon lui, "arriver en position de force au moment où une négociation sera possible, montrer que militairement il est en train de gagner et avancer encore, conquérir le maximum de villages pour, demain ou après-demain, être dans une position qui lui permettra de dire qu'il peut accepter la trêve. Ce qu'il veut aussi, c'est arriver à un accord de paix qui ne soit pas la paix, qui soit un conflit gelé comme il l'avait fait avec les négociations de Minsk. Il n'acceptera de cessez-le-feu que quand il sera convaincu qu'il est en position de force, ce qu'il cherche à acter avec son costume militaire."