Après le coup de tonnerre judiciaire, la contre-attaque politique. Au lendemain de la décision du tribunal de Paris qui a condamné la chef de file des députés RN, reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires FN (devenu Rassemblement national), à une peine d’inéligibilité immédiate de cinq ans, Marine Le Pen reste combative. Et ce, malgré ses timides chances de pouvoir concourir désormais à la présidentielle de 2027. «Le système a sorti la bombe nucléaire et s’il utilise une arme aussi puissante contre nous, c’est évidemment parce que nous sommes sur le point de gagner des élections», a déclaré mardi Marine Le Pen devant ses troupes lors d’une réunion du groupe RN ouverte de manière inédite à la presse.
Si la triple candidate à l’élection reine a déjà interjeté appel, - le verdict du deuxième procès pourrait tomber d’ici à l’été 2026, a annoncé mardi soir la Cour d’appel de Paris -, elle entend «utiliser toutes les voies de recours possibles.» Dans une interview au Parisien , Marine Le Pen, qui ne veut pas «se laisser faire», annonce mardi soir saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et le Conseil constitutionnel. Puisque, selon elle, le verdict en première instance «est une atteinte gravissime à la démocratie et au processus électoral». S’agissant de la juridiction communautaire, la députée du Pas-de-Calais juge le référé «possible» car «la décision prise crée un préjudice irréparable».
Le Conseil constitutionnel saisi d’une QPC
La deuxième juridiction constitutionnelle, présidée depuis un mois par le macroniste Richard Ferrand, sera saisie «par une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), dont le but est de se prononcer sur l’incompatibilité qu’il y a entre une décision d’inéligibilité avec exécution provisoire, et la liberté des électeurs qui est inscrite» dans le texte fondamental de 1958, poursuit Marine Le Pen. «Il faut désormais que la QPC que nous préparons soit validée, qu’elle soit transférée au Conseil constitutionnel», ajoute la figure nationaliste, qui «n’ose imaginer que ça ne sera pas le cas».
Alors que les lieutenants du parti à la flamme n’ont pas manqué de critiquer ces deux instances juridiques, accusés d’ingérence dans la vie politique, la double finaliste de la présidentielle balaye toute incohérence dans sa démarche : «Ce n’est pas parce que je peux avoir un désaccord avec le Conseil constitutionnel, ou plutôt avec le président Fabius (dont le mandat a pris fin en mars, NDLR) pour des décisions politiques qu’il n’aurait pas dû prendre, que, comme justiciable, je me priverais du droit de pouvoir faire respecter l’état de droit.»
En attendant, le RN entend mobiliser ses sympathisants, en organisant dimanche à Paris «un meeting de soutien» à Marine Le Pen, dans le cadre de la «mobilisation populaire et pacifique» lancée par le parti après sa condamnation. Une invitation d’alliés européens est d’ailleurs en réflexion au sein du parti nationaliste.