Pour Donald Trump, le temps c'est de l'argent
On appelle cela avoir le sens du marketing : la nouvelle ligne de montres dévoilée par Donald Trump pour financer sa campagne s'appelle Fight Fight Fight. Ses mots, poing levé, juste après la récente tentative d'assassinat dont il a été victime. Quant au dos du boîtier, il est gravé d'un dessin ce moment historique où le candidat en campagne est passé, littéralement, à un cheveu de la mort.
De là à dire que ces montres, sortes de sous copies de montres suisses, sont belles, il y a tout un univers. Ce sont globalement de mauvaises copies de montres Rolex, dotées de mouvements automatiques japonais Seiko NH34. Sur le site récemment mis en ligne, on peut ainsi découvrir les différentes éditions limitées proposées à partir de 799 dollars aux fans de Donald J Trump. Désolé, mais les modèles GMT aux lunettes Pepsi sont déjà tous vendus ! Il faut dire qu'ils n'étaient produits qu'à 500 exemplaires.
Les plus fortunés des supporters de l'ex Président Républicain pourront bien sûr se laisser tenter par le modèle haut de gamme présenté comme Swiss made, gage ultime de qualité. Ces montres pesant 200 grammes d'or (vous pourrez toujours les fondre plus tard…), et ornées de la bagatelle de 122 diamants embarquent en effet un mouvement tourbillon. Mais ce modèle de luxe à 100 000 dollars pièce possède un lien tout particulier avec la France.
D'où vient exactement le calibre TX07 de cette « Victory Tourbillon » produite à 147 exemplaires numérotés ? Ce mouvement Swiss Made constitué de 200 composants est en fait fondé sur le mouvement Delma DT100.01 Suisse. Mais la paternité en revient à un horloger français installé en Suisse, Olivier Mory. Sa société, BCP Tourbillons SA, installée à La Chaux-de-Fonds, a en effet produit ces mouvements tourbillon. Interrogé à ce sujet, Olivier Mory, fondateur de BCP Tourbillons SA, l'a récemment confirmé au site suisse SRF : « il est rare qu'un de nos clients attire autant l'attention. Pour nous, il s'agit d'une commande normale, d'un mouvement horloger standard, comme pour tous nos clients », a confié l'horloger français. Ses mouvements coûteraient entre 2200 et 5500 Francs Suisses, bien loin des 100 000 dollars demandés pour cette montre en or lourdement sertie.
Ce n'est pas la première fois que Donald Trump lance des montres à son nom. Mais la première tentative ne fut guère couronnée de succès. Il faut dire que l'homme n'est pas en soi connu pour être un grand amateur de garde-temps. Pourtant, «s'il n'avait pas hérité de 200 millions de dollars, Donald Trump serait en train de vendre des montres à Manhattan», lui avait pourtant jadis décoché Marco Rubio lors de la précédente campagne des primaires républicaines.
En 2005, le milliardaire dévoilait à New York une première ligne d'une vingtaine de montres mécaniques ou à quartz à son nom, la Donald J. Trump Signature Collection. Là aussi, en termes de design, il s'agissait au mieux de mauvaises copies de montres Cartier, Rolex ou Hublot. Elles auront vite disparu des magasins Macy où on pouvait alors les trouver. De nos jours elles ne sont plus disponibles que via les petites annonces en ligne. Depuis cet échec, Donald Trump ne s'était plus aventuré dans l'univers des montres. Jusqu'à aujourd'hui.
À titre personnel, le milliardaire président ne portait d'ailleurs guère ses propres créations. Signe de bon goût étonnant comparé à son image parfois volontairement rugueuse voire vulgaire, on l'a vu parfois sur les greens de golf avec au poignet une élégante Vacheron Constantin Historiques Ultra-Fine 1968. Une pièce automatique fine et élégante aux antipodes de son image, mais qu'il portait au poignet au soir de son élection, en 2016. L'ex président des États-Unis possède ainsi une Rolex Day-Date 36 mm en or, comme nombre d'autres présidents avant lui. Un modèle d’ailleurs surnommé la montre des présidents depuis Lyndon Johnson.
À cela s'ajoutent une fine et élégante Patek Philippe Golden Ellipse, également en or jaune. On ne l'a guère vu porter, par ailleurs, l'Azad Power Tourbillon qui lui avait été offerte en 2009 par la marque new-yorkaise. Un modèle Tourbillon au boîtier en acier proposé alors à environ 10000 $. On ne l'a à vrai dire pas non plus vu porter une autre montre qu'on le sait posséder, achetée aux enchères chez Antiquorum en 1999 pour la modique somme de 7000 dollars : une fine Colibri en acier à quartz de 32 mm jadis gravée au nom de celui qui l'a portée. Un autre président des États-Unis : un certain Ronald Reagan.