Il venait d’avoir 18 ans... Frédéric, natif d’Aix-en-Provence, était alors étudiant en droit et travaillait l’été dans l’unique but de s’acheter la moto de ses rêves. Une Ducati 900 SS qu’il a repérée quelques années plus tôt dans un article du magazine Auto-moto. «Je regardais les annonces sur Minitel , comme ça, je prenais un peu en avance par rapport aux parutions des annonces sur l’édition papier des journaux», raconte celui qui est aujourd’hui directeur financier. Grâce à cet outil, il trouve la fameuse Ducati de ses rêves dans le Var. «J’ai été le premier à appeler. Mais quand le vendeur m’a vu, il ne voulait pas me la vendre. J’étais trop jeune à son goût», se souvient Frédéric. Pour autant, la discussion s’ouvre avec le propriétaire de la moto italienne, sous-marinier au sein de la base de Toulon. Les deux hommes passent la journée ensemble à discuter et à 18 heures, l’affaire était conclue. «La semaine d’après, je lui ai fabriqué une maquette de sa moto, pour le remercier, ça l’avait touché».
Frédéric a fait toutes les réparations nécessaires. Presque trois décennies plus tard, il roule toujours avec cette moto. « J’ai beaucoup appris avec le temps sur l’entretien. Mon voisin, un ancien ingénieur mécanicien de chez Total, m’a formé. J’ai pris des bouquins et je me suis lancé», résume-t-il. «Au début, je faisais faire les choses à d’autres, mais ça coûtait trop cher», poursuit-il.
Une collection d’envergure
Frédéric ne possède pas que cette Ducati 900 SS dans son garage. «J’ai trois autres motos et une voiture - toutes vintages - dont je ne me suis jamais séparé». Une Norton Commando, un Vespa PX, une Terrot 125, et pour la voiture : l’Alfa Romeo Speedster, un Coda Tronca pour les initiés. «Et chacun de ces modèles à une histoire», relate le directeur financier.
Prenons la Vespa. Frédéric l’achète pour ses trajets du quotidien alors qu’il était expatrié à Madrid en 2007. «À la fin de mon contrat en Espagne, je me suis demandé si je le revendais sur place, si je le mettais dans un camion, ou si je faisais un road trip jusqu’à Porto pour revenir en France par les Pyrénées». Il opte pour cette dernière option. «J’ai passé 15 jours hors du temps, à me trouver des petits logements, à admirer les paysages et juste à rouler pour le plaisir». Ce souvenir l’anime, au point qu’il veut repartir 18 ans après, avec le même scooter pour «faire un tour de Corse». «Pour fêter mes 50 ans !»
Au-delà de ses modèles de collection, c’est bien parcourir les routes qu’apprécie le quadragénaire. «La route m’a fait rencontrer plein de gens, tous très différents. Ce qui est impressionnant, c’est de voir un mécanicien, un cheminot, un avocat d’affaires, un capitaine de yacht, un ouvrier d’usine... tous réunis autour des motos anglaises. Certains ont des modèles plus prestigieux que d’autres, mais la passion gomme toutes les différences sociales», apprécie le passionné. Depuis sa commune d’Opio (Alpes Maritimes), «à 500 mètres de l’endroit où est mort Coluche », Frédéric profite d’une région qui se prête (malgré tout) énormément à la moto.