Présidentielle 2027 : «Il ne connaît rien à la vie», «il est creux»... La lourde charge de Bertrand contre Bardella, accusé d’«amateurisme»
Chantre d’un cordon sanitaire strict entre la droite et le RN, le président des Hauts-de-France a violemment critiqué ce dimanche le patron du parti à la flamme, auquel il reproche de «répéter» ses «dossiers» plus qu’il ne les «travaille».
Passer la publicité Passer la publicitéXavier Bertrand sort la sulfateuse. En pleine tournée promotionnelle de son livre Rien n’est jamais écrit (Robert Laffont, 2025), le président des Hauts-de-France cible frontalement à Jordan Bardella. Et surtout ceux le projetant déjà à l’Élysée dans dix-huit mois, à la lumière des récentes enquêtes d’intentions de vote présidentielles. Crédité d’environ 35% au premier tour, le patron du Rassemblement national (RN) - quasiment assuré de porter les couleurs de son parti en 2027 en cas d’empêchement judiciaire définitif de Marine Le Pen, fait pour l’instant la course en tête, loin devant ses adversaires potentiels.
De quoi agacer l’ancien ministre du Travail, qui dénonce l’apathie de la classe politique face à la montée en puissance du jeune leader nationaliste. Invité ce dimanche de Radio J, Xavier Bertrand a appelé à garder raison devant le scénario d’un RN triomphant et dominateur. «On est à un an et demi de la présidentielle...», a relativisé le fondateur du microparti «Nous France», affirmant être «l’un des rares», non pas à «penser», mais à oser dire qu’il «ne prend pas» Jordan Bardella «au sérieux».
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Passer la publicitéPour lui, l’explication est limpide : «Tous ont la trouille. Comme il est haut dans les sondages, les gens se disent “c’est peut-être lui le vainqueur, personne n’ose dire qu’il est creux.» Si l’ancien maire de Saint-Quentin frappe aussi fort contre l’eurodéputé RN, c’est parce qu’il tient à marquer une distinction claire avec celle qu’il a lui même affrontée - et battue - lors des régionales de 2015, Marine Le Pen. «On a vu ce qu’elle a donné aux deux débats présidentiels, mais elle a travaillé ses dossiers», reconnaît-il, avant d’admettre qu’elle a acquis de l’«expérience» au fil de ses «échecs» politiques, en dix ans. Manière d’étriller encore davantage son dauphin : «Monsieur Bardella n’a pas travaillé ses dossiers, il les a répétés», a-t-il grincé.
Et d’ajouter, sur un ton acéré, que Jordan Bardella «ne connaît rien aux sujets, ne connaît rien à la vie». «30 ans, c’est un formidable âge, mais on a plus de bouteille à 50 ou 60 ans qu’on en a à 30 ans... l’amateurisme, ça va bien», a-t-il taclé, moquant au passage l’argumentaire de «certains parlementaires RN» vantant «les jobs d’été» de leur champion comme gage de compétence pour briguer la magistrature suprême. D’autant que, selon lui, il est question «d’un pays de 68 millions de personnes, la septième puissance mondiale.» «On se moque de qui ? (...) On ne va pas nous faire croire qu’à 30 ans, on est capable de diriger un pays comme le nôtre», a-t-il raillé, insistant sur la «solidité» dont la France a «besoin», tant sur le plan «intérieur» qu’«international».
La supposée rivalité Bardella-Le Pen, source de dérision pour Bertrand
Chantre d’un cordon sanitaire strict entre la droite et le RN, Xavier Bertrand a fait de la lutte contre le mouvement nationaliste l’un de ses chevaux de bataille politique. Une posture assumée, au point d’évoquer régulièrement ses victoires face au parti lepéniste, en 2015 puis en 2021. Reste que cette animosité réciproque n’a pas été sans conséquence pour la figure des Républicains, devenue un véritable repoussoir pour Marine Le Pen. En décembre 2024, son retour au gouvernement échoue : pressenti au ministère de la Justice, il voit sa nomination bloquée par les dirigeants du RN, menaçant aussitôt le nouveau premier ministre, François Bayrou, d’une censure immédiate si les rumeurs se concrétisaient.
Onze mois plus tard, Xavier Bertrand continue le combat contre le RN, mais opte désormais pour une autre arme, la dérision. Dans son viseur : la supposée rivalité entre Jordan Bardella et sa mentor, en vue de 2027. «Il soutient Madame Le Pen comme la corde soutient le pendu, il est déjà en train de la passer par pertes et profits», a-t-il ironisé, comme s’il savourait une forme de revanche.