Le Portrait de Louis XV enfant par Rosalba Carriera acquis par Versailles

Quelle joie de découvrir les traits d’un roi, encore dans l’enfance, qui fut appelé longtemps «le Bien-Aimé». Le château de Versailles peut aujourd’hui s’enorgueillir d’avoir fait l’acquisition d’une œuvre exceptionnelle signée Rosalba Carriera (1675-1757), Portrait de Louis XV enfant. Ce pastel peint en 1720 par l’artiste vénitienne immortalise la douceur et l'éclat de ce jeune roi, arrière-petit-fils de Louis XIV alors âgé de seulement 10 ans. Considéré par les spécialistes comme la première ébauche d’un portrait officiel de Louis XV enfant, il est toujours aujourd'hui conservé à Dresde. Il reste l’un des témoignages les plus précieux de l'art du XVIIIe siècle et de son interprétation par la célèbre pastelliste Rosalba Carriera, une digne représentante du mouvement rococo.

Cette portraitiste de renom de la ville des Doges, reçue à l'Académie Saint-Luc à Rome en 1705, aura prêté son talent à quelques-uns des plus grands mécènes européens de la première moitié du XVIIIe siècle. On peut citer, à titre d’exemple, Auguste III, roi de Pologne et électeur de Saxe, Georges III d'Angleterre, Frederic IV de Danemark, ainsi que les ducs Côme de Médicis et de Mecklembourg. En 1719, Rosalba Carriera est invitée en France par l'amateur, mécène et financier, Pierre Crozat. Entre 1720 et 1721, elle vivra dans son hôtel particulier à Paris et tissera de belles relations avec des artistes français, notamment Antoine Coypel et Antoine Watteau. 

Durant son séjour parisien, Carriera a tenu un journal qui donne de précieuses indications historiques sur son œuvre et sur ses riches mécènes qui aimaient particulièrement sa manière, mariant élégamment le réalisme et l’illusion. Dans ses notes, elle évoque la commande du portrait de Louis XV et les étapes successives de sa peinture. Elle y travaillera entre juin et novembre 1720, envisageant différentes tailles (« piciolo », « grande », « miniatura »), usant de différentes techniques et sur des supports divers. Cette œuvre originale est la version conservée à la Galerie de Peinture des Vieux Maîtres de Dresde (Gemäldegalerie Alte Meister). Elle aurait été offerte par Louis XV à Auguste III lors du mariage du Dauphin avec sa fille Marie-Josèphe.