qu’est-ce que je suis heureux d’être ici ce soir. Bon, tant pis pour mon corps, mais je vous assure que mon cœur est ici! Lui, il est là!»Sur un petit nuage. Accompagné des principaux comédiens de son dernier film, L’Homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme, Pierre Richard, fringant nonagénaire avait l’air d’être en apesanteur lors de la séance d’hommage organisée par Thierry Frémaux à Cannes.
Avec un sourire radieux perché en permanence sur les lèvres, notre Grand blond national semblait toujours surpris par l’accueil triomphal qui lui a été réservé dans la salle Agnès Varda, par un public surchauffé.
Après une présentation aussi laudative que chaleureuse de Thierry Frémaux sur scène, l’acteur chéri du cinéma français des années 70-80, vêtu d’un costume de cérémonie et d’une belle écharpe blanche, réagit : «En fait, je n’aime pas trop parler du film avant le film puisque tout le monde va le voir.» Frémaux lui répond dans un sourire: «Oui, mais là c’est obligé!»
Qu’est-ce que je suis heureux d’être ici ce soir. Tant pis pour mon corps, mais je vous assure que mon cœur est ici ce soir, parmi vous! »
Pierre Richard
La salle s’esclaffe. Alors Pierre Richard poursuit : «Vous avez vu comment je marche maintenant... On dit toujours: «Quand on n’a pas de tête, il faut avoir des jambes« Hé bien maintenant, voilà que je n’ai même plus de jambes... Ce qui fait que ma tête s’affole un peu. Elle se retourne vers mes jambes en leur disant: «Dites quelque chose!» Et les jambes répliquent : «On ne peut plus! On ne peut plus!» C’est vrai que c’est troublant pour moi de ne plus pouvoir compter sur mes jambes. Parce que j’ai tellement joué avec mon corps toute ma vie. Il n’empêche, qu’est-ce que je suis heureux d’être ici ce soir. Bon, tant pis pour mon corps, mais je vous assure que mon cœur est ici ce soir, parmi vous!»
La salle explose en applaudissements. Pierre Richard continue de sourire en baissant la tête, puis va se rasseoir. Le noir se fait. La séance commence. Et l’on ne peut d’empêcher de se souvenir de la phrase de Jacques Tati à Pierre Richard lorsque ces deux grands humoristes s’étaient croisés à la fin des années 70 : «Vous savez merveilleusement travailler avec vos jambes, Monsieur.» On raconte que les jambes du «Distrait» en auraient rougi...
Ce soir-là, le public cannois aura en tout cas salué de bon cœur l’une des dernières légendes vivantes du cinéma français encore et toujours en activité. Un beau geste faisant enfin fi des préjugés du festival concernant les comédies populaires françaises largement absentes de la sélection cannoise depuis des décennies...