Martinique : quatre gendarmes légèrement blessés par des tirs après un regain de tension

Quatre gendarmes mobiles ont été légèrement blessés par des tirs dans la nuit de lundi à mardi en Martinique lors de violences urbaines, a indiqué mardi la préfecture, un regain de tension après la mobilisation contre la vie chère en septembre

«Dans le quartier de Sainte-Thérèse (à Fort-de-France, ndlr), des coups de feu directs ont à nouveau pris les forces de sécurité intérieure pour cible, blessant légèrement quatre d'entre eux», a annoncé la préfecture de l'île dans un communiqué. «Les fauteurs de troubles, persistant à prendre la population martiniquaise en otage de leur stratégie du chaos, ont continué à semer la violence», accuse la préfecture.

Barricades enflammées

Selon elle, quatre personnes ont été interpellées, qui tentaient de dévaliser un magasin au Lamentin, une commune voisine de Fort-de-France, et trois autres qui tentaient d'incendier une station-service.

Des barricades enflammées ont été érigées dans plusieurs communes de l'île, des équipements publics détériorés et huit véhicules incendiés, selon la même source. Des feux de poubelles ont aussi nécessité l'intervention des pompiers, selon le service d'incendie et de secours (Sdis).

Ce regain de tension s'inscrit dans la foulée d'une journée d'affrontements lundi entre des militants contre la vie chère qui menaient une action de blocage au Lamentin et les policiers de la CRS 8. Rodrigue Petitot, figure de proue du mouvement anti-vie chère, a été blessé à la cuisse après avoir chuté sur un grillage qu'il essayait d'enjamber.

Depuis lundi, 15 policiers et gendarmes ont été blessés et 18 personnes interpellées, précise la préfecture, qui fait état de 33 personnels des forces de l'ordre blessés depuis septembre et 70 individus interpellés. Mardi, plusieurs organisations politiques et syndicales de Martinique ont appelé à une opération «île morte», dénonçant notamment «les violences exercées par la CRS 8».

Tables rondes

L'intersyndicale du port de Fort-de-France a elle annoncé que «l'activité de livraison/réception du port sera bloquée» à partir de mercredi, «jusqu'à la réouverture des négociations» autour de la vie chère. Quatre tables rondes ont été organisées par les autorités depuis le début de la crise, sans issue satisfaisante pour les protestataires. Une cinquième est prévue jeudi afin «de présenter le plan d'action» des autorités, a annoncé la préfecture.

Un mouvement contre la vie chère, thématique récurrente dans les Antilles françaises, a été lancé début septembre par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), qui exige un alignement sur l'Hexagone des prix des produits alimentaires qui sont 40% plus chers en Martinique.

En marge de ce mouvement, l'île a été secouée par des violences urbaines qui ont amené la préfecture à instaurer un couvre-feu nocturne dans certains quartiers de Fort-de-France et de la commune limitrophe du Lamentin.