Comment l'Open Arms compte livrer l'aide humanitaire à Gaza

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Du riz, de la farine, des lentilles, de la viande et du thon en conserves… Les 200 tonnes de vivres transportées par l’Open Arms suscitent beaucoup d’espoir pour les Gazaouis. Certains se sont précipités dès dimanche sur la plage, dans le sud de la ville de Gaza, dans l'espoir de voir arriver le navire en vain, a rapporté l'AFP. Le temps presse pour éviter la famine qui menace les 2,4 millions d’habitants de ce territoire assiégé.

Face à l'urgence humanitaire dans l’enclave palestinienne, où Israël a imposé un siège total depuis le début de la guerre contre le Hamas le 7 octobre 2023, l'Union européenne a mis en place une voie maritime depuis Chypre, le pays de l'UE le plus proche des côtes du Moyen-Orient.

Inaugurant ce corridor humanitaire, le bateau appartenant à l'ONG espagnole Open Arms a quitté dans la matinée du mardi 12 octobre le port de Larnaca, distant d'environ 370 kilomètres de Gaza. Mais cette opération inédite, co-organisée par World Central Kitchen (WCK) dirigée par l'Hispano-américain José Andrés, comporte d’importants défis logistiques.

Sous blocus terrestre, aérien et maritime israélien depuis seize ans, Gaza ne possède aucun port, ce qui  complique le débarquement du navire humanitaire. Comment l’équipage de l’Open Arms, appuyé au sol par les bénévoles de WCK, va-t-il réussir à décharger sa cargaison ?  "Nous travaillons sur ce projet technique depuis plusieurs semaines. Nous avons dû faire preuve d'imagination et trouver un moyen de résoudre tous ces obstacles liés au lieu de débarquement qui se fera depuis la plateforme que nous transportons", détaille Laura Lanuza, porte-parole d’Open Arms.

Cette plateforme flottante, où se trouvent les 200 tonnes de nourriture, est actuellement remorquée par le navire humanitaire en pleine Méditerranée. Dans une vidéo filmée avant le départ de la flottille depuis Chypre et postée sur X, l’ONG WCK explique: "Vous pouvez voir derrière moi. Nous avons cette barge. Il s'agit d'une barge d'environ 200 tonnes que nous chargeons en ce moment même de toutes sortes d'aide alimentaire. Une fois arrivée à destination, elle sera soulevée par une grue. Puis nous acheminerons les vivres dans le nord de la bande de Gaza pour aider les personnes qui en ont besoin en ce moment".

La construction d’une jetée à Gaza

Dans le même temps, sur place, les équipes de World Central Kitchen s’activent "jour et nuit" à la construction d’une jetée, indique l’ONG, qui possède une vaste expérience dans la fourniture d’aide humanitaire dans le monde entier. "À Gaza, elle administre déjà une soixantaine de cuisines gérées par des résidents locaux, principalement des femmes, qui cuisinent et préparent les repas pour ceux qui en ont besoin", indique Haaretz.

"Mais l’afflux de grandes quantités de marchandises nécessitera des préparatifs particuliers – entrepôts, transport, sécurité et supervision de la distribution, lesquels n’ont pu encore être organisés", s’inquiète le quotidien israélien de gauche.

Ni localisation de cette jetée, ni le jour du débarquement n’ont été précisés pour des raisons de sécurité. Le drame au cours duquel plus de 115 Palestiniens ont été tués, le 1er mars lors d’une livraison d’aide humanitaire, écrasés dans un mouvement de foule et aussi touchés par des tirs israéliens, est dans toutes les têtes.

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"Nous devons être prudents. Nous avons toutes les garanties que tout ira bien, mais la réalité à Gaza change tout le temps" admet Laura Lanuza. "Nous essayons d'éviter tout danger pour la population évidemment".

L’accord des Israéliens

Initiée par les deux ONG, l’opération est aussi appuyée par Chypre et les Émirats arabes unis. Israël a donné son accord. La cargaison du navire a été inspectée en amont par des militaires israéliens venus à Larnaca pour s’assurer qu’il ne transportait pas d’équipement militaire, d’armes ou de matériel pouvant être utilisé à des fins militaire, indique Haaretz.

Israël s’est en outre engagé à prendre part au projet de construction d’une jetée promise par les États-Unis sur les côtes de Gaza. Le Pentagone a précisé que l'édification de cette structure prendra jusqu'à 60 jours et impliquera probablement plus de 1 000 soldats. Le port temporaire "pourrait fournir plus de deux millions de repas par jour aux citoyens de Gaza", a détaillé son porte-parole, Pat Ryde.

Un navire militaire américain a quitté  les États-Unis avec le matériel nécessaire à la construction de cette jetée. Le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a déclaré qu’Israël "coordonnait la mise en place" de cette infrastructure.

"Nous ferons en sorte que l'aide arrive à ceux qui en ont besoin", a promis, dimanche, sur X, le ministre de la Défense, Yoav Gallant Gallant, depuis un bateau militaire au large des côtes de Gaza, assurant que cela "accélèrera l'effondrement du Hamas". Israël accuse le mouvement palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, de détourner l'aide humanitaire dans le territoire.

Un deuxième cargo humanitaire dans les starting block

La construction de ce port temporaire et sécurisé devrait permettre de pérenniser l’arrivée de l’aide par la mer. Mais face au risque imminent d’une famine à Gaza, où d'après le ministère de la Santé du Hamas, 25 personnes, pour la plupart des enfants, sont déjà mortes de malnutrition et de déshydratation, l’Open Arms n’a pas attendu.

L’ONG prépare déjà un second navire d’aide humanitaire avec Chypre, qui a annoncé que ce deuxième cargo serait "bien plus grand". "Si tout se déroule comme prévu (...), nous avons déjà mis en place le mécanisme pour un deuxième cargo, bien plus grand, et ensuite nous œuvrerons à en faire un processus plus systématique avec des volumes plus importants", a-t-il indiqué plus tard, lors d'une conférence de presse à Beyrouth où il a rencontré son homologue libanais.

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L'envoi d'aide par mer et les parachutages qui se sont multipliés ces derniers jours ne peuvent se substituer à la voie terrestre, estime quant à elle l'ONU. Tout en saluant le départ du premier navire humanitaire, le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, a réaffirmé, mardi, le "besoin d'un accès terrestre et de livraisons sécurisées et régulières".

La chute de colis largués par des avions sur la ville de Gaza, le 9 mars, a tué cinq personnes et en a blessé dix, selon une source hospitalière. "Le parachute ne s'est pas ouvert et la cargaison est tombée comme une roquette sur le toit d'une des maisons", a expliqué à l’AFP Mohammed al-Ghoul, un homme de 50 ans vivant dans le camp de réfugiés d'al-Chati où l'accident a eu lieu.

Les armées jordanienne et américaine ont affirmé qu'aucun de leurs appareils n'était à l'origine du drame. La Belgique, l'Égypte, la France et les Pays-Bas effectuent également des largages d'aide sur le territoire.

Avec AFP

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