Escroquerie aux transports sanitaires : cinq chauffeurs de taxi soupçonnés d'avoir détourné plus de 600 000 euros
Cinq chauffeurs de taxi sont soupçonnés d'avoir escroqué au moins trois caisses d'Assurance-maladie en région parisienne avec l'aide d'un patient atteint de maladie longue durée, pour un préjudice dépassant de 612 000 euros, a appris jeudi 22 mai franceinfo de source proche du dossier. Ces cinq taxis ont été placés en garde à vue, comme le malade. La garde à vue de ce dernier a toutefois été levée pour raison médicale, il est convoqué en novembre prochain par la police judiciaire.
Tous les six ont reconnu les faits, selon cette source. La justice leur reproche de s'être fait rembourser plusieurs dizaines de trajets sanitaires imaginaires, via des prescriptions falsifiées. Les enquêteurs estiment qu'en tout, une centaine de chauffeurs de taxi ont pu profiter de cette escroquerie aux transports sanitaires. Cette affaire est révélée au moment où, hasard du calendrier, les chauffeurs de taxi ont entamé leur quatrième jour de mobilisation pour protester contre la nouvelle tarification de l'Assurance-maladie sur les transports de malades.
L'enquête, qui a débuté en 2023 après des signalements de l'Assurance-maladie, a montré que cette escroquerie a commencé dès 2017 et s'est poursuivie jusqu'en 2025, avec comme "cerveau" l'homme de 35 ans atteint d'affection longue durée. Le mode opératoire était toujours le même : ce vrai malade établissait de fausses prescriptions longue durée de transport falsifiées ou contrefaites pour se faire rembourser des trajets médicaux fictifs. Les enquêteurs se sont rendu compte qu'il en avait établi plus de 3 000. Avec ces mêmes prescriptions vierges qu'ils remplissaient, les chauffeurs de taxi sont soupçonnés de s'être fait rembourser des trajets imaginaires.
Plus de 550 trajets fictifs en un an
L'un d'entre eux est suspecté de s'être fait rembourser jusqu'à plus de 550 trajets fictifs en une seule année, entre 2018 et 2019, pour un préjudice de près de 80 000 euros. Un autre est soupçonné de s'être fait rembourser près de 56 faux trajets entre 2017 et 2019 pour un préjudice de plus de 110 000 euros. Un autre chauffeur a même reconnu en garde à vue s'être fait rembourser des trajets faussement effectués pour le compte du malade, alors même que celui-ci était incarcéré.
Pour brouiller les pistes, le malade se domiciliait dans différents départements et notamment à l'ambassade d'Arabie saoudite à Neuilly-sur-Seine pour imputer les dépenses à plusieurs CPAM, trois d'entre elles ont été lésées : les CPAM des Hauts-de-Seine, de Seine-et-Marne et de l'Essonne. Lors des perquisitions, les enquêteurs de la police judiciaire de l'Essonne ont mis la main sur plus de 6 600 euros en espèces, une moto, une voiture et ont saisi trois licences de taxi.