Ce que l'on sait de la collision entre un avion de ligne et un hélicoptère au-dessus de Washington
Les États-Unis face à une tragédie aérienne. Un hélicoptère militaire et un avion de ligne d'American Airlines, avec 64 personnes à bord, sont entrés en collision dans le ciel de Washington, près de l'aéroport national Ronald-Reagan, mercredi 29 janvier dans la soirée, avant de s'abîmer dans le fleuve Potomac. Cet accident rare a déclenché des opérations de secours complexes dans des conditions délicates. Des premiers corps ont déjà été repêchés, selon des médias américains. Franceinfo fait le point sur la situation.
Un avion commercial et un hélicoptère militaire impliqués
Selon les premiers éléments du régulateur américain de l'aviation (FAA), un avion du constructeur Bombardier exploité par la compagnie PSA, filiale régionale d'American Airlines, "est entré en collision à altitude moyenne" avec un hélicoptère Sikorsky UH-60, alors qu'il s'approchait de l'aéroport Ronald-Reagan pour y atterrir à 21 heures (3 heures, heure française). Ce dernier se situe en lisière de Washington et du fleuve Potomac.
L'avion commercial venait de Wichita (Kansas) et était presque plein, avec 64 personnes à son bord pour une capacité maximale de 78 passagers. Il abritait notamment des patineurs artistiques, des coachs et des membres de leur famille, selon la fédération sportive américaine de patinage, citée par CNN. Ils revenaient d'un événement organisé en marge des championnats nationaux à Wichita. Selon des agences russes, le couple de patineurs russes Evgenia Chichkova et Vadim Naumov, champions du monde en 1994, se trouvait à bord.
L'hélicoptère militaire, lui, effectuait un "vol d'entraînement", a fait savoir une porte-parole de l'armée américaine, dans un message relayé sur les réseaux sociaux par le nouveau ministre de la Défense américain, Pete Hegseth. Cet appareil est connu sous le nom de Black Hawk et peut transporter jusqu'à 15 personnes. Un responsable du Pentagone a précisé que trois militaires étaient à son bord au moment de la collision.
Un témoin interrogé par CNN, qui circulait sur une route qui longe l'aéroport, dit avoir vu l'appareil "s'incliner (...) à plus de 90 degrés" et "un flot d'étincelles". Une enquête a été lancée par l'armée et le ministère de la Défense pour éclaircir les circonstances de ce crash, a annoncé Pete Hegseth. Evoquant un "incident aérien" sur son compte X, l'aéroport Ronald-Reagan a annoncé avoir "suspendu" tous les décollages et atterrissages au moins jusqu'à jeudi matin.
Des survivants activement recherchés
Une très vaste opération de recherche et de sauvetage, impliquant la police et les pompiers, est en cours dans les eaux glaciales du fleuve Potomac. "Les deux appareils sont dans l'eau", a confirmé la maire de Washington lors d'un point-presse organisé à l'aéroport. La nouvelle ministre à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a déclaré sur X qu'elle "déployait toutes les ressources disponibles des gardes-côtes pour des opérations de recherche et de secours".
"Les conditions sont extrêmement difficiles pour les secouristes."
John Donnelly, chef des pompiers de Washingtonlors d'une conférence de presse
Le chef des pompiers de Washington, John Donnelly, a expliqué que les recherches étaient compliquées par le "froid", un "fort vent" et de "la glace" sur le Potomac. "L'eau dans laquelle nous opérons a une profondeur d'environ 2 mètres", a-t-il ajouté. Cité par CNN, il a précisé que 300 intervenants s'activaient sur les lieux à la recherche de survivants. Des plongeurs de la police de l'Etat voisin du Maryland ont notamment été dépêchés, a rapporté le Washington Post.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des hélicoptères survolant le fleuve, balayant les eaux avec des faisceaux lumineux. Autour de l'aéroport, des dizaines de gyrophares sont visibles sur les différentes rives du fleuve, selon un journaliste de l'AFP. Des dizaines de camions de pompiers, dont certains avec des remorques tirant des canots pneumatiques, étaient en mouvement pour rejoindre l'aéroport.
Plusieurs corps ont déjà été retrouvés dans la rivière, ont rapporté les médias américains – "au moins 18", selon CBS News, tandis que NBC en évoque "plus d'une douzaine". Plus tôt dans la matinée, auprès de CNN, des sources policières ont déclaré que des décès avaient été confirmés, sans toutefois préciser leur nombre. Trois hôpitaux de la région de Washington DC ont par ailleurs confirmé à ABC News qu'ils n'avaient pas encore reçu de patients suite à l'accident.

Au fil des heures, "les chances de retrouver des survivants s'amenuisent", a souligné sur franceinfo le correspondant de France Télévisions sur place, Franck Géneauzau. Des proches des passagers veulent quand même croire au miracle. "Je prie juste pour que les secours la retrouvent", espère le conjoint d'une personne qui se trouvait à bord de l'avion. "Elle m'a envoyé un texto disant qu'ils allaient atterrir dans 20 minutes [puis] mes messages n'ont pas été reçus. C'est là que je me suis dit que quelque chose n'était pas normal."
Une catastrophe qui "aurait dû être évitée", selon Donald Trump
"Que Dieu les bénisse" a d'abord réagi le président Donald Trump dans un communiqué, disant avoir été "pleinement informé du terrible accident". Puis, dans un message sur sa plateforme Truth Social, il a estimé que la catastrophe aérienne "aurait dû être évitée" si l'hélicoptère avait manœuvré, sous la direction des contrôleurs aériens, pour ne pas se trouver dans la "trajectoire d'approche parfaite" de l'avion par cette "nuit claire" sur Washington. "PAS BON", a tonné en majuscules le président des Etats-Unis.
Le sénateur républicain du Kansas, d'où l'avion de ligne avait décollé, s'est aussi exprimé lors d'une conférence de presse, des propos rapportés par Sky News. "Quand une seule personne meurt, c'est une tragédie. Mais quand beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens meurent, c'est une tristesse insupportable..., a déclaré Roger Marshall. C'est vraiment dur de perdre probablement plus de 60 habitants du Kansas en même temps".
Le 13 janvier 1982, tout près du lieu de l'accident de mercredi soir, un Boeing 737-222 d'Air Florida avait percuté un pont enjambant le Potomac pendant une tempête de neige et s'y était abîmé. L'accident avait fait 78 morts, dont quatre automobilistes qui se trouvaient sur le pont. Mais le crash de mercredi soir est surtout le premier impliquant un avion commercial aux États-Unis depuis 2009, quand un appareil régional s'était écrasé à Buffalo. "C’était une période de sécurité aérienne sans précédent qui semble avoir pris fin ce soir", a commenté Van Cleave, correspondant de CBS News.